Des lo­ge­ments en bois à la place du bé­ton

Date de publication
01-11-2023

À l’avenue Dapples à Lausanne, Localarchitecture tombe sur l’une de ces pépites «+2»: un grand immeuble de logement de qualité, idéalement situé mais moins élevé que ses voisins. Commissionné pour traiter la peinture, les architectes réalisent que le toit est revêtu d’une lourde chape dont l’épaisseur varie de 6 à 12 cm afin de guider les eaux pluviales. Un calcul rapide mène à une hypothèse: avec une telle masse, on pourrait réaliser une structure porteuse en bois capable de porter une dizaine d’appartements! Mais dans ce cas, il ne s’agit pas de coupler l’opération avec une rénovation, bien au contraire, puisque l’immeuble venait d’être rénové: il ne fallait surtout pas toucher aux conduits.

La forme triangulée de l’opération, qui évoque une mansarde traditionnelle à deux niveaux, vient de cette problématique. Pour éviter de toucher aux noyaux, la structure en bois lamellé-collé amène les charges sur les façades. La masse thermique de l’immeuble existant est suffisante et les normes acoustiques sont atteintes à l’aide de planchers en poutres à caisson remplies de granulats puis revêtues à nouveau d’une couche de granulats. Quant aux cages d’escalier et d’ascenseurs, elles sont réalisées en panneaux de bois.

Dès lors, l’opération dote l’immeuble de dix logements supplémentaires (initialement 60) sans utiliser d’éléments en béton. Elle s’inscrit de manière discrète dans le paysage de toitures avoisinantes. Pour Manuel Biéler (Localarchitecture), ce projet fait la démonstration qu’une telle approche pourrait être poursuivie à grande échelle pour répondre à la pénurie de logement, et d’une manière bien plus écologique que la construction à neuf. «Du moment qu’on n’excave pas, que le seul déchet occasionné est cette dalle de pente, le bilan est excellent par principe.»

Florent Simonot, qui a suivi le projet auprès de Pensimo, parle toutefois dans ce cas d’une perle rare. Malgré un chantier exigeant en site occupé, en l’absence d’oppositions contraignantes, le permis a été obtenu en 2018, neuf mois seulement après l’étude de faisabilité (janvier 2017), là où d’autres projets mettent parfois dix ans à se concrétiser. Pour ce responsable des projets de constructions en Suisse romande, le résultat n’apporterait que du bénéfice, car 750 m3 ont été obtenus sans acquérir de terrain, dans le quartier le plus prisé de Lausanne, à proximité de la gare.

5 + 2: surélévation avenue Dapples 5, Lausanne (VD)

 

Maîtrise d’ouvrage
Pensimo / Bellerive-Immobilien

 

Architecture
Localarchitecture

 

Génie civil
2M ingénierie civile

 

Ingénierie bois
Ratio Bois; Cambium Ingénierie

 

Charpentier
André

 

Conception
2017-2019

 

Réalisation
2020-2022

 

Logements créés en surélévation
10 appartements, 642 m2 SP

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