Crèche Ori­gami

Au fond du canyon que forment les façades des nouveaux buildings de multinationales genevoises, group8 vient de livrer une crèche d’une grande sensibilité paysagère.

Date de publication
11-05-2016
Revision
12-05-2016

La définition qu’Herman Hertzberger donne de l’architecture structuraliste pourrait s’appliquer à la crèche Origami, réalisée en 2015. Il s’agit d’un édifice élaboré à partir d’une trame régulière, pouvant être investie et transformée en fonction de l’usage que l’on souhaite en faire. Pour cette crèche située dans le quartier Sécheron à Genève, des alternances d’arcs en bandes décalées forment le corps du bâtiment. Ces derniers déploient leur jeu sur l’intégralité de la parcelle. Ce principe structurant va donner, soit des espaces abrités quand l’arc est convexe, soit des espaces ouverts qui vont servir de cour intérieure quand il est concave. La structure est en bois, sans que ce choix soit déterminant pour l’identité du lieu. La crèche Origami préfère tirer sa spécificité de sa façon de faire varier un principe géométrique répétitif.

Prise en étau entre deux bâtiments de bureaux de grande taille, la crèche surjoue son organisation en bandes et constitue un contrepoint étonnant à la typologie corporate qui qualifie le quartier.

Kenneth Frampton1 constatait récemment le caractère obsolète de la conception structuraliste de l’espace construit, fondé sur des principes d’ouverture et d’appropriation. Avec ce petit projet genevois, on pourrait rétorquer, preuve à l’appui, qu’il existe des exceptions au déclin de l’architecture structurée par l’usage collectif: c’est l’architecture destinée à la petite enfance. Les crèches, les aires de jeux et certaines écoles restent encore des constructions pour lesquelles on ose recourir au raisonnement structuraliste.

Dans le cas de group8, l’adoption d’un tel modèle dans le contexte genevois, peu disposé à se laisser séduire par l’expérimentation, n’est pas sans importance. Il atteste de la conviction qu’une trame contraignante peu s’avérer libératrice, si elle est configurée dans un esprit d’appropriation.

La résurgence à plusieurs reprises de cette disposition dans le travail de group8 serait l’indice, non pas d’un attachement nostalgique à une ère révolue, mais d’une orientation à poursuivre, une filiation revendiquée capable de générer des nouvelles pratiques architecturales.


Note

1. Herman Hertzberger, nai010 publishers, 2015

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