Cli­mat S, M, L, XL

Pendant des décennies, les espaces intérieurs des villes du monde entier ont été progressivement acclimatés artificiellement à une certaine idée du confort et systématiquement déconnectés de l’extérieur, dont le climat a été jugé toujours plus inconfortable, voire carrément hostile. Aujourd’hui, on relève un triste paradoxe: les dispositifs conçus pour s’extraire de ce climat extérieur contribuent encore à le dérégler, en raison de l’énergie qu’ils consomment.

Date de publication
08-04-2021

Mais plus directement, la forme des villes, l’imperméabilisation des sols, les espaces publics minéraux, tout ce que nous construisons, en somme, participe à l’assèchement et au réchauffement des environnements urbains que nous habitons. Dans son essai, Sascha Roesler, qui travaille à l’intersection de l’archi­tecture, l’ethnographie et la technologie, propose d’admettre que les microclimats urbains «sont le résultat d’une conception délibérée de l’architecture et de l’urba­nisme» et donc d’adapter les projets en fonction.

Cela a des répercussions importantes pour notre culture constructive. En premier lieu, l’échelle d’intervention qui porte sur le climat n’est plus celle du bâtiment ou de sa seule façade. La problématique se joue d’abord à grande échelle, à celle de quartiers entiers, voire de la ville tout entière. Elle doit faire dialoguer technique et anthropologie, soit ajuster les dispositifs planimétriques et constructifs à nos comportements face au confort thermique, et même les faire évoluer. Pour les professionnels, l’approche ne peut plus subordonner les disciplines les unes aux autres : les stratégies végétales et l’architecture doivent composer un projet commun, comme le proposent les architectes du paysage Natacha Guillaumont et Caroline Mollie.

Cette approche, enfin, doit être projectuelle. Par-delà les constats scientifiques et la volonté politique, le projet, seul, délivre une synthèse. Les utopies –réalisées ou non– peuvent nous inspirer. Si Singapour nous déroute [p. 16], son urbanisation verticale donne à réfléchir à la manière dont la Suisse a exploité sa ressource la plus précieuse: son sol.

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