Dif­fé­ren­ces d’at­ti­tu­de

Editorial paru dans Tracés n°09/2012

Publikationsdatum
26-02-2013
Revision
19-08-2015
Jacques Perret
Ingénieur en génie civil EPFL, Dr ès sc. EPFL et correspondant pour TRACÉS.

Les deux projets d’infrastructures que nous abordons dans ce dossier s’opposent sur plusieurs points. D’un côté, en Suisse alémanique, un projet d’aménagement ferroviaire en milieu urbain destiné principalement à l’amélioration des déplacements à l’intérieur de la Suisse: la Durchmesserlinie doit remédier à des inconvénients nés de la configuration en cul-de-sac de la gare centrale de Zurich. De l’autre, une nouvelle liaison routière dans un territoire romand à vocation agricole: la route H144 facilitera la circulation autour du lac Léman par sa rive sud. Analyse positive de cette opposition : dans notre pays, on diversifie intelligemment les moyens attribués à la mobilité. Analyse plus sarcastique: la sensibilité, notamment en matière de transports publics, n’est pas la même partout.
Au-delà de ce constat non dénué d’ironie, le rapide avancement des travaux du côté de Zurich ne peut manquer d’interpeller alors que les deux principales villes lémaniques envisagent à leur tour de sérieusement modifier la configuration de leurs gares. Contrairement au choix effectués à Zurich, les projets lausannois et genevois actuels prévoient des interventions en surface1, qui offrent toutes deux l’étonnant corollaire d’aboutir à la démolition de nombreux logements dans des quartiers qui fonctionnent plutôt bien. S’il n’est pas possible d’ignorer les aspects financiers en faveur de ces solutions, on peut se demander pourquoi cet argument n’a pas pesé plus lourd pour l’aménagement en cours à Zurich, pourtant devisé à quelque deux milliards de francs. Probablement d’abord parce que les avantages fonctionnels d’une solution essentiellement souterraine étaient évidents. Ensuite aussi parce que les décideurs zurichois ont affiché une attitude confiante consistant à aller de l’avant, ceci en dépit de réelles incertitudes financières.
L’histoire montre que, tôt ou tard, on finit par oublier les problèmes de financement des grands projets d’infrastructures si le résultat est à la hauteur des attentes. Comme à Zurich, les travaux qui seront entrepris dans l’arc lémanique s’inscrivent dans une perspective à long terme, avec pour conséquence que tout mauvais choix quant à leur nature pénalisera plusieurs générations d’usagers. N’y aurait-il dès lors pas certaines raisons de s’inspirer de l’attitude adoptée il y a quelques années sur les bords de la Limmat ? En gardant à l’esprit qu’investir dans des infrastructures en période de crise a quelque chose de très réjouissant: en dépit de la morosité grandissante, un avenir reste possible.

Verwandte Beiträge