Jour­nées SIA: et vous, vous al­lez voir quoi?

C’est déjà la treizième édition. Depuis 2012, les sections SIA organisent des portes ouvertes et des visites dans toute la Suisse romande. Ces journées dédiées à l’architecture et l’ingénierie contemporaines invitent le grand public à découvrir le travail des professionnel·les. Sur un long week-end, il sera possible de découvrir plus de 100 réalisations dans les six cantons romands: villas individuelles, logements collectifs, édifices publics, aménagements urbains et paysagers, il y en aura pour tous les goûts lors de ces journées portes ouvertes qui s’annoncent festives!

Vaud

VD25 – Construction de deux logements en bois
Dans un quartier résidentiel calme de Prilly, à deux pas de l’impressionnant chantier des tours de Malley, le bureau Apotheker & Michon Architectes réalise un nouvel édifice comprenant le logement du propriétaire ainsi qu’un appartement de location, qui pourraient être fusionnés pour former une seule grande maison, selon l’évolution des besoins familiaux.
Si l’exercice de densification douce est intéressant, la particularité remarquable du projet réside dans son système constructif, constitué d’une ossature bois, du radier à la charpente. À cet égard, il dialogue avec ses voisins, des chalets en madriers aux modénatures traditionnelles, qu’il réinterprète au travers d’une grille structurelle, rendue lisible en façade par les câbles qui suspendent les balcons.

VD15 – Immeuble mixte logement/industrie
Peut-on habiter une usine? Peut-on faire entrer l’industrie à la maison? Jadis mélangées, les «fonctions» travail et habitation ont été progressivement séparées l’une de l’autre parce qu’elles semblaient contradictoires, jusqu’à ce que l’urbanisme de zone scelle dans ses plans ce divorce historique. Aujourd’hui, travail et domesticité se rabibochent parfois, quand on constate que la petite industrie et l’artisanat ne sont pas (ou plus) aussi bruyants et polluants.
Pour les architectes, tout l’enjeu est alors de gérer les accès et les vues, entre les grands plateaux lumineux nécessaires au travail et les parties domestiques où l’intimité doit être respectée. Pour cette opération mixte réalisée à Forel (VD), les architectes ont développé une solution astucieuse: en haut l’appartement, en bas l’atelier. Pour éviter de rompre la continuité des plateaux, l’immeuble n’a pas de cage d’escalier, uniquement un ascenseur. Les appartements, perchés sur le toit comme de petites cabanes, sont desservis par une cage d’escalier extérieure, courant le long des parties pleines de la façade.

Valais

VS06 – Home le Christ-Roi
Architecte du gymnase d’Ollon que nous présentions l’année dernière dans la rubrique en visite, le bureau eido réalise ici l’extension de l’EMS Le Christ-Roi, à Lens (VS). Le bâtiment est situé à deux pas du centre du village, sur une crête. Issu d’un concours SIA ouvert (2016), le projet cherche à valoriser l’existant par cette nouvelle intervention, qui dilate les déambulations intérieures pour créer de nouveaux espaces pédagogiques ou récréatifs. Conçu en structure béton, l’édifice se voile de façades en mélèze et compose l’illusion d’un rythme de petites maisons adossées les unes aux autres: une manière de mettre en relation ce vaste édifice dédié à la santé publique avec l’échelle et le style architectural local.

VS04 – Deux nouveaux couverts – Ronquoz
Peut-on faire de l’architecture lorsque l’on conçoit des infrastructures utilitaires? Oui, répond le bureau mijong avec enthousiasme, dont les deux petites réalisations s’inscrivent dans un projet à l’échelle bien plus vaste.
L’État du Valais réaménage son centre logistique d’entretien des routes cantonales aux Ronquoz avec pour objectif de centraliser la gestion de son équipement: c’est sur ce site que l’on stocke le sel déployé sur les routes pendant l’hiver; c’est aussi là que sont garés les véhicules d’intervention.
Dans ce contexte, la place extérieure a été réorganisée et deux nouveaux couverts réalisés. Le premier est constitué d’une charpente bois; le second d’une structure mixte bois/béton revêtue d’une enveloppe en aluminium perforé. Si la matérialité varie en fonction des charges effectives requises par le programme, le langage structurel est commun.

Fribourg

FR02 – Deux petites maisons en paille porteuse
Ces deux petites maisons sont situées dans la commune de Surpierre (FR). L’utilisation de la paille porteuse est un principe fort proposé par le bureau Nazario Branca Architectes. La paille, encore peu utilisée en Suisse, présente pourtant de nombreuses qualités, à la fois comme isolant et matériau structurel. Les deux bâtiments reposent sur des fondations ponctuelles, ce qui préserve les sols des habituelles fondations en béton. Ils sont autosuffisants en énergie, grâce à leurs panneaux photovoltaïques et thermiques. De plus, un système de récupération d’eau de pluie sera installé, ce qui, couplé à la phytoépuration, rendra les maisons indépendantes du réseau d’eau potable. Terminées en 2025 pour la première, et en 2026 pour la seconde, elles sont le fruit de chantiers partiellement participatifs et en autoconstruction.

FR09 – Transformation d’une ferme familiale
Cette transformation d’une ferme familiale fribourgeoise, déjà partiellement réhabilitée en 1989, est une intervention signée Deschenaux Architectes. La bâtisse est divisée en plusieurs appartements. Celui des parents au rez-de-chaussée, un duplex au-dessus, et un troisième dédié à la location dans la grange jusque-là inexploitée.

Genève

GE21 – Collège Rousseau
Construit en 1969, le Collège Rousseau se caractérise par un plan rectangulaire centré sur un grand patio. Son socle vitré contraste avec l’aspect minéral des étages supérieurs, abritant les salles de classe. Le nombre croissant d’élèves dans le canton, ainsi que la vétusté de cet édifice emblématique de l’architecture brutaliste genevoise, ont rendu nécessaires sa rénovation et son agrandissement. Lauréat du concours d’architecture de 2018, le projet de Burckhardt Architecture prend le parti du bâtiment existant: il le surélève en continuité. La façade de cette intervention mime le langage d’origine, avec ses éléments en béton préfabriqués présentant un relief sculptural. Cette façade minérale contraste avec la légèreté de la structure en bois à l’intérieur. Les nouveaux espaces ainsi créés comprennent un centre de documentation sur double hauteur et une cafétéria en rapport direct avec le patio. L’apport de lumière est assuré par deux lanterneaux placés au-dessus des escaliers, qui font pénétrer la lumière jusque dans les étages inférieurs.

GE20 – Logements à Veyrier
Le plan de ce nouvel immeuble de logements fait penser à la coque d’un bateau. Implanté sur une parcelle en longueur, le bâtiment abrite 18 logements traversants, accessibles depuis trois allées. Orientés est-ouest, ils offrent des vues sur de vastes champs d’un côté, et sur une esplanade plantée d’arbres de l’autre. L’édifice est composé de trois niveaux. Sa façade, rythmée par des montants en bois et métal, laisse entrer la lumière dans les logements par de grandes ouvertures vitrées. Du point de vue de la matérialité, le bois des façades pignons contraste avec les tôles métalliques recouvrant les allèges.

Jura

JU/JB04 – Centre de recherche et conservation
Tout de tavillons revêtu, le Centre de recherche et conservation jurassien est une nouvelle infrastructure installée à Porrentruy et imaginée par Figueiredo Pena Amos Architectes. Derrière cette façade sont réunies la Section d’archéologie et paléontologie ainsi que Jurassica, une institution de recherche universitaire de géoscience et paléontologie. Ce nouveau volume est dédié à la préservation, à l’étude et à la valorisation des collections paléontologiques, archéologiques et de sciences naturelles et assure plusieurs fonctions de stockage.
Lié par un sous-sol à la villa Beucler, qui abrite le musée de Jurassica, le CRC est implanté en lisière ouest du site, permettant de libérer le cœur de la parcelle et d’étendre le jardin au sud de la villa. Son volume rectangulaire en reprend la logique tripartite: un soubassement en béton, deux étages en tavillons de mélèze et un dernier niveau vitré. L’organisation interne gravite autour d’un patio central lumineux qui connecte ateliers, laboratoires, bureaux et espaces pédagogiques.

Neuchâtel

NE07 – Parcs
Le jeune bureau Marginalia réalise avec ce bâtiment ses premiers logements collectifs neufs: au total, 24 appartements remplacent les huit existants.
Le bâtiment est sis à la rue des Parcs, longue avenue parallèle à la rive du lac de Neuchâtel, connue pour ses entrées d’immeubles accessibles au moyen de passerelles et ses logements édifiés en dessous du niveau du sol. Cette particularité typologique offre aux résidents, et tout particulièrement aux enfants, la possibilité de jouer dans une ruelle en contrebas de l’axe principal, protégés de la route. Alors que les immeubles voisins ont parfois adopté un autre parti pris, en comblant ce seuil et en l’obstruant avec des places de parking, Marginalia réanime cette particularité neuchâteloise. L’attrait historique n’est pas le seul critère qui motive ce choix: cette décision permet de valoriser les espaces inférieurs en logements accessibles individuellement. Pour l’entreprise immobilière qui assure la maîtrise d’ouvrage, ce choix architectural leur permet de proposer des unités atypiques et rares en centre-ville.
L’édifice est conçu selon une tripartition qui s’exprime aussi bien en façade qu’au niveau de la mixité des appartements. Le socle est composé de cinq unités en duplex de 5.5 pièces, qui s’ouvrent au sud sur des jardins et au nord sur des terrasses ombragées, idéales pour les canicules, précise Mélissa Vrolixs, fondatrice du bureau.
Les quatre étages qui composent le corps central du bâtiment sont quant à eux structurés en 4.5 pièces traversants et 2.5 pièces mono-orientés. Chaque pallier dessert quatre logements. Enfin, le couronnement accueille des 3.5 pièces aux surfaces généreuses et dotés de grands balcons.
«Nous voulions une atmosphère de petit quartier, quelque chose de moins urbain», conclut l’architecte.

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