Dre­am­job : cer­ti­fi­ca­teur de places de jeux

Entretien

Lukas Knoblauch exerce un métier que beaucoup d’enfants rêveraient de faire : chaque jour, il va tester de nouvelles places de jeu pour vérifier qu’elles correspondent aux normes de sécurité.

Publikationsdatum
05-05-2025

Formé en tant qu’ingénieur des matériaux à l’ETH Zurich, Lukas Knoblauch a contrôlé la sécurité des manèges forains de Suisse pendant 15 ans avant de se rediriger vers le contrôle des autres installations de loisir : aires de jeux, toboggans aquatiques, accrobranches. Focus sur une profession singulière.

TRACÉS: En quoi consiste le métier de certificateur de place de jeux?

Lukas Knoblauch : En Suisse, les places de jeux sont régulées par la norme européenne EN 1176. Et tous les équipements installés sur lesdites places doivent être conformes à la loi fédérale sur la sécurité des produits (PrSG, SR 930.11). Pour les places existantes, il est recommandé, en plus de la maintenance et de l'entretien, de faire contrôler la sécurité des installations une fois par an – par un spécialiste interne à la Commune ou externe.

Retrouvez notre dossier en ligne sur les places du jeux

Comment se déroule ce diagnostic?
S’il s’agit d’une place de jeu déjà mise en service, il importe de contrôler l’état des équipements (examiner l’usure des pièces de bois, resserrer les vis, vérifier la solidité des éléments), mais aussi d’examiner s’il y a des endroits de coincements (tête, bras, cou…), à tester à l’aide de gabarits. Beaucoup de choses sont réglées par la norme, mais une certaine expérience est nécessaire pour identifier les endroits potentiellement dangereux. 

Pour une nouvelle place de jeu, il convient de vérifier au stade de conception les distances entre les objets – par exemple entre une tour et un toboggan –, afin de s’assurer que l’espace de chute est suffisant. Les sols souples sont très importants pour prévenir les chutes graves des enfants (épaisseur de la couche amortissante, absence de fondations saillantes et d'arêtes vives...).

Les matériaux sont-ils régis par la norme?
Non, la norme laisse le choix aux concepteurs. Mais les matériaux utilisés doivent être résistants (plastique d’une classe élevée pour le rendre résistant au soleil, bois résistant à l’humidité).

Comment percevez-vous l’évolution de la conception des places de jeu?
Je constate que les Communes mettent de plus en plus d’argent pour faire des choses hors du commun. Autrefois, on avait plus d’éléments standards. Aujourd’hui, les Communes veulent se démarquer. Elles ne craignent pas de développer des projets qui se distinguent du catalogue des fabricants. Bien sûr, cela demande plus de travail, afin d’être certains que les normes soient respectées – mais si une aire de jeux est exceptionnelle, elle reste tout aussi sûre !

Quelle est votre expérience des places de jeu?
Mon métier me permet de réaliser qu’une bonne place de jeu n’a pas toujours besoin de constructions. Les enfants aiment aussi monter en hauteur, jouer avec de l’eau, se cacher… 
Dans ma jeunesse, il existait moins d’aires de jeu. Mais on pouvait jouer dans le quartier, dans la forêt. Aujourd’hui, les aires de jeux sont comme des îles dans la ville. On dit aux enfants qu’ils peuvent jouer uniquement là ; le reste serait dangereux. C’est un constat, pas un jugement. 

Le plus important pour moi, c’est que les enfants soient dehors, pour jouer, se cacher… Qu’importe, du moment qu’ils font quelque chose à l’extérieur. Il faut un endroit où ils puissent être libres, surtout dans les zones urbanisées. À la campagne, c’est beaucoup plus facile de s’occuper autrement. Les aires de jeu sont les espaces publics des enfants.