Vert à moi­tié vi­de, ou à moi­tié plein?

Éditorial du numéro 10 de la revue TRACÉS

Publikationsdatum
02-07-2020

Le 24 juin dernier, le Conseil d’État vaudois in corpore présentait son Plan climat aux médias et à la population. Premier volet d’une stratégie à long terme, il s’inscrit dans la lignée des engagements pris par la Confédération dans le cadre de l’Accord de Paris (2015). Le gouvernement vise ainsi une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 50% à 60% (par rapport à leur niveau de 1990) sur le territoire vaudois d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2050. Il comporte un investissement de 173 millions de francs dans les domaines de la mobilité, l’assainissement des bâtiments, l’agriculture ou encore la protection contre les dangers naturels. Ces 173 millions se transforment en 1,3 milliards si on les ajoute «aux montants déjà acquis et à l’effet multiplicateur sur l’économie vaudoise», comme le précise le communiqué du Canton.

Alors que la Suisse et son économie ressortent chancelantes de la première vague pandémique de Covid-19, on ne peut que se réjouir que le gouvernement vaudois ait maintenu le cap de la transition écologique – tout comme l’Assemblée fédérale avec la loi sur le CO2. En fixant des objectifs aussi ambitieux que quantifiables, il démontre avoir pris la mesure de la vague verte qui s’est déployée, durant l’année 2019, aussi bien dans les rues que dans les urnes. Ne reste plus qu’à transformer l’essai, en rappelant que ces émissions, au niveau suisse, n’ont baissé que de 14% entre 1990 et 2018, pour un objectif de -20% en 2020. Il s’agit donc, en gros, de faire trois fois mieux en trois fois moins de temps…

Les secteurs du bâti et de la mobilité sont les deux plus gros émetteurs de GES. En comparaison d’autres, le premier fait plutôt figure de bon élève: il voit ses émissions baisser régulièrement, mais pas encore assez vite. Pour ce faire, une politique volontariste d’assainissement des bâtiments est indispensable. Or, elle ne peut pas se concevoir comme une entreprise technophile concentrée uniquement sur quelques constructions neuves et emblématiques. Au contraire, elle doit prendre la forme d’une offensive massive et rigoureuse sur l’ensemble du bâti, seule une action à cette échelle pouvant garantir l’atteinte d’objectifs ambitieux en termes de GES. Au-delà des bénéfices environnementaux, une telle politique pourrait se révéler un formidable outil au service d’une relance économique durable. À cet égard, en matière d’exemplarité, l’État de Vaud se doit de faire mieux que le seul assainissement de 20% de son parc immobilier inscrit dans son Plan climat.

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