To TAV or not to TAV

Editorial paru dans Tracés n°07/2012

Publikationsdatum
26-02-2013
Revision
19-08-2015

Des trois grand tunnels ferroviaires achevés ou en cours de construction dans la région alpine, deux se trouvent en Suisse. C’est le troisième, situé entre la France et l’Italie, qui génère le plus de réactions. 
L’Italie vit ces six derniers mois dans le tumulte d’une opposition sans précédent au TAV, Treno Alta Velo-cità.
«No Tav» est devenu un slogan autour duquel se sont regroupées des personnes venant d’horizons très différents. La gauche radicale y trouve un prétexte de mobilisation, les défenseurs de l’environnement y voient une menace pour les écosystèmes alpins, les habitants réagissent à la non desserte de la vallée de Suse, au vu du caractère rapide de la ligne en construction. Ces derniers redoutent aussi des nuisances considérables : le percement générera 18 millions de m³ de déblais, soient plus de 400 camions de gravats par jour pendant quinze ans. Ils craignent pour terminer une pollution à l’amiante et la radioactivité, compte tenu de la constitution des roches traversées.
Il est même certains défenseurs du rail en Italie pour s’opposer à la ligne Turin-Lyon, argumentant que l’Italie ferait mieux de combler la vétusté de son réseau national avant de financer une LGV à sa frontière.
La violence des réactions fait que les carottages sont actuellement réalisés sous l’escorte de la police anti-émeute, sur des chantiers gardés jours et nuits.
Si la réaction dans le Val de Suse ressemble fortement à une mobilisation de type NIMBY (not in my back yard), l’ampleur de la critique donne à réfléchir. L’opposition au Lyon-Turin dépasse largement les questions d’aménagement du territoire. C’est tout un modèle économique qui est mis en cause. On cible autant les lobbies, qui font pression sur les politiques pour l’obtention de chantiers, que l’idée même d’infrastructures qui rendraient possible la délocalisation industrielle.
On aurait finalement l’impression qu’en refusant le TAV, une partie des Italiens se sont opposés à un ennemi difficilement cernable : l’impasse économique dans laquelle se trouve le pays. Cela expliquerait les dizaines de milliers de manifestants qui ont protesté à Rome, Milan ou Turin.

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