L’usi­ne ver­ti­cale

Editorial paru dans Tracés n°02/2013

Publikationsdatum
29-01-2013
Revision
10-11-2015

L’héritage des années 1970 n’a pas le vent en poupe. En France, on démolit à tour de bras des grands ensembles qui avaient pourtant été jugés réussis au moment de leur création il y a à peine trente ans. Cet été, une pétition contre la démolition d’un bâtiment de Paul Chemetov faisait l’inventaire des édifices actuellement menacés : l’Ecole d’architecture de Nanterre de Jacques Kalisz, l’Hôpital Louise-Michel d’Adrien Fainsilber, l’Université du Mirail de George Candilis, le quartier de Mériadeck à Bordeaux de Jean Willerval, le Centre Thales à Vélizy de Claude Parent, l’usine Famar à Orléans de Jean Tschumi, ou encore les laboratoires Novartis à Rueil-Malmaison de Jean Prouvé. Même son de cloche en Grande Bretagne où, quand on ne démolit pas (école Pimlico en 2010), on laisse dépérir dans l’indifférence générale des ouvrages célèbres, comme l’ensemble Robin Hood Gardens des Smithsons.
Pourtant les thèmes développés par les architectes des années 1970 pourraient redevenir d’actualité pour plusieurs raisons. La plus importante serait une certaine tendance à concilier densité et qualité architecturale. Nous avons affaire dans la plupart des cas à des réalisations denses, qui parviennent à compenser le caractère massif du bâtiment par une conception astucieuse. Dans un monde qui prétend vouloir se passer de la voiture, cette qualité pourrait bientôt se révéler précieuse. 
Rem Koolhaas, désigné pour être le prochain directeur de la Biennale d’architecture de Venise, l’a bien pressenti : son projet présenté cet été aux Giardini était un éloge sans concessions de l’esprit innovant des années 1970 (lire TRACÉS n° 20/2012). Les projets exposés, brutalistes pour la plupart, laissaient entrevoir l’antidote à la star-architecture et ses déclinaisons moins célèbres.
Si l’étude historique de cette période n’est pas dépourvue d’intérêt, nous préférons en laisser le soin aux écoles. TRACÉS privilégie pour ce numéro une approche plus conceptuelle. Nous avons ainsi choisi d’évaluer l’actualité d’un des leitmotiv des années 1970 : l’usine verticale. 
De Montreuil à Miami, en passant par Orbe, nous avons parcouru des projets qui, par conviction ou par nécessité, choisissent d’empiler ce qui habituellement n’est pas superposable.
L’usine verticale, rêve brutaliste inachevé, trouverait ainsi une nouvelle dynamique dans le contexte suisse, d’un pays en manque d’espace constructible, soucieux de préserver ses paysages sans pour autant nuire à son développement.

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