L'ou­ver­tu­re du ter­ri­toire de l'ens­eig­ne­ment: l'é­co­le du Do­maine du pos­si­ble

L’école du Domaine du possible, inaugurée en septembre 2015 à Arles, constitue une tentative inédite d’établir un enseignement scolaire fondé sur le désir inhérent chez l’enfant d’apprendre et de découvrir. Une école ouverte sur l’environnement, où les enseignants prennent le temps d’expérimenter pour extraire des enfants le savoir qu’ils cherchent à leur inculquer.

Publikationsdatum
18-01-2016
Revision
18-01-2016

Projet né d’une conviction partagée entre Patrick Bouchain, Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani qu’une autre pédagogie est encore possible, l’école du Domaine du possible prend à contre-pied les grandes lignes du système éducatif conventionnel. Inspiré des méthodes révolutionnaires de Célestin Freinet, le projet pédagogique repose sur une conception radicalement innovante de l’infrastructure scolaire, avec comme principale caractéristique une grande perméabilité entre les espaces abrités (classes, bibliothèque, cantine) et l’environnement extérieur. L’école n’étant pas encore achevée, la décision a été prise de l’ouvrir dans une configuration transitoire.

Aujourd’hui, le partage de la classe entre un espace de cours atypique et une ferme en chantier à plusieurs kilomètres de là constitue le premier acte de cette dispersion à caractère pédagogique ambitionné par les concepteurs du projet. En attendant la finalisation de ce lieu ouvert que sera l’école, les enfants expérimentent le principe d’une école sur plusieurs sites.

Une école en deux temps

Les travaux sur le site initialement prévu ayant pris du retard, l’école dut se rabattre sur un site provisoire. Installée dans les combles du Méjan, une chapelle reconvertie en salle polyvalente, le projet semble vouloir réduire au minimum le dispositif destiné à maintenir les enfants dans une salle. Tout en se disant provisoire, cette première matérialisation de l’école en dit long sur la façon dont l’enseignement doit émaner d’une redéfinition du partage entre un intérieur, par définition disposé à l’étude, et un extérieur riche en distractions. 

Deux pièces rudimentaires, blanches et sobres, ouvertes sur le plafond de la chapelle, constituent les premières classes de cours. Ces deux lieux de travail partagent le même espace sonore. Selon Patrick Bouchain, «l’absence de plafond doit permettre de sentir la présence de son voisin et obliger que la voix des uns ne perturbe pas l’oreille des autres». Véritable «service minimum» de la salle de classe, ces espaces sont le point de départ d’une journée d’apprentissage censée se terminer ailleurs. Les enfants y passent deux heures pour y pratiquer des activités qui nécessitent le confort d’un espace confiné. Ils le quittent pour rejoindre le domaine de la Volpelière où la botanique, l’agronomie, la biologie, la construction, le jeu et l’observation de la nature représentent autant d’occasions d’apprendre.

L’enseignement de toutes les matières, même des plus érudites, s’articule à partir de ce dispositif ouvert et expérimental. L’apprentissage empirique des sciences et des mathématiques évolue progressivement vers un enseignement critique et comparatif. L’enfant apprend à inventer la règle dont il a besoin au lieu de la découvrir toute prête dans un manuel. 

Quant à l’apprentissage du français, il doit trouver dans la poétique et la matérialité de la langue les munitions nécessaires pour transmettre ce que l’enseignement standard peine à inculquer. 

Apprendre en construisant son école 

S’inspirant librement de la méthode Waldorf-Steiner, l’école du Domaine du possible invite les enfants à suivre de près et, dans une certaine mesure, à prendre part à l’édification de leur école. L’adoption de cette démarche transforme une défaillance (un retard dans la délivrance du permis de construction) en occasion de déployer pleinement le principe de l’élève bâtisseur de son école. Il préfigure le mode de fonctionnement de l’école, quand celle-ci sera achevée.

 A terme, les équipements en cours de finalisation au domaine de la Volpelière seront ouverts et évolutifs, à l’image de la pédagogie qui s’y déroulera. Déployée sur l’ensemble des 120 hectares du domaine, la nouvelle école cohabitera avec une véritable exploitation agricole. 

Les constructions en cours s’articulent à partir de l’existant: un ensemble de bâtisses qui se sont sédimentées au fil des âges sur le site. L’aménagement consiste à les unifier par une construction légère, une grande ferme en bois, enveloppante et translucide. 

L’ensemble offrira aux enseignants l’occasion de pratiquer tout au long de l’année une pédagogie empirique en plein air, partagée entre une ferme, des salles de cours, et les vastes étendues du domaine.

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