La guer­re après la guer­re

Editorial paru dans Tracés n°10/2014

Publikationsdatum
03-06-2014
Revision
10-11-2015

Nous avions déjà consacré un dossier à l’exposition Architecture en uniforme, lors de sa première présentation au CCA de Montréal en 2011. La reprise de l’exposition par la Cité de l’architecture & du patrimoine à Paris était pour TRACÉS une belle occasion de revenir sur le projet de Jean-Louis Cohen. Dans le cadre d’un partenariat avec l’institution parisienne, nous avons réimprimé le numéro de janvier 2012 : pas moins de 30 000 exemplaires de TRACÉS sont à disposition des visiteurs de l’exposition qui se tient jusqu’au 8 septembre.

Pour approfondir cette réflexion entamée il y a deux ans, nous avons choisi de la rapprocher de plusieurs nouveaux travaux théoriques sur la question. Il s’agit pour commencer de la très pertinente Histoire globale des bombardements aériens, publiée aux Prairies ordinaires. Voici une étude qui s’efforce de repenser une stratégie militaire en termes politiques : de quelle action sociale le bombardement aérien est-il le vecteur ? Thomas Hippler esquisse une réponse en publiant dans ce numéro un extrait de son livre. 

Le deuxième article s’efforce de comprendre comment la destruction massive infligée aux villes européennes a déterminé leur forme dans la seconde moitié du 20e siècle. Il reprend en partie des éléments d’un ouvrage qui bouscule la doxa sur les conséquences des bombardements aériens dans la planification urbaine : A Blessing in Disguise : War and Town Planning in Europe 1940-1945, de Jörn Düwel et Niels Gutschow. 

Le troisième texte que nous intercalons dans ce dossier est tiré d’un classique. Domesticity at War de Beatriz Colomina reste une référence incontournable, dont un seul chapitre est pour l’instant traduit en français, aux éditions B2. Nous avons donc pris l’initiative de faire traduire un passage supplémentaire : celui qui traite du projet de maison souterraine exposé en pleine guerre froide à la Foire internationale de New York en 1964.

Ces trois articles, malgré ce qui les sépare, partagent une volonté similaire de faire émerger ce qui a longtemps été refoulé : la façon dont la guerre, par les temporalités, les géographies, les fictions et les rapports de production qu’elle instaure, détermine ce qui va lui succéder, à savoir le temps de paix.

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