Hé­ber­ge­ment d'ur­gen­ce en Suis­se ro­man­de

Data di pubblicazione
02-07-2015
Revision
19-08-2015

Faute de solutions immédiates plus satisfaisantes pour faire face à l'afflux de migrants, qui fuient des zones de conflit, plusieurs cantons romands ont recours à des structures souterraines. Ainsi, Vaud et Neuchâtel ont annoncé le 1er juillet le réouverture de structures d'hébergement d'urgence. Fribourg avait fait de même la veille. Le canton de Vaud rouvre l'abri de protection civile du Mont-sur-Lausanne, tandis que l'ouverture d'autres abris souterrains est en préparation, a indiqué l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM), qui gère neuf abris PC, à Lausanne, Begnins, Coppet, Orbe, Préverenges, Epalinges et Pully notamment. L'EVAM explore d'autres pistes pour augmenter ses capacités d'hébergement. Il cherche à louer des immeubles temporairement vides et démarche certains hôtels pour anticiper l'absence de places vacantes. Il examine également la possibilité de réaliser des constructions provisoires, mais un permis de construire est nécessaire. 

Le canton de Neuchâtel rouvre, lui, l'abri PC des Perveuils, à La Tène. Cet ouvrage avait dû être ouvert en urgence en juillet dernier afin de désengorger les centres d'hébergement de Couvet et Fontainemelon, qui étaient saturés. Cette réouverture est une solution d'urgence qui ne devrait durer que quelques mois, ont précisé les autorités neuchâteloises. Les trois structures d'hébergement collectif du canton, à Couvet (96 places), à Fontainemelon (80 places) et aux Hauts-Geneveys (50 places), sont aujourd'hui au maximum de leur capacité d'accueil avec un total de 226 places occupées. Confronté au même afflux de migrants, le canton de Fribourg a récemment décidé d'ouvrir les abris PC de Châtillon, à Posieux. 

Occupation à Genève
A Genève, des requérants d'asile et un collectif de soutien occupent la Maison des arts du Grütli depuis le 15 juin. Au nombre de 25, ces hommes ont refusé d'être transférés du foyer des Tattes à Vernier, le plus grand centre de requérants d'asile de Suisse, vers des abris PC. Ils demandent au Canton de trouver des alternatives à ces abris souterrains. La Ville de Genève entendant mettre fin à cette situation, les requérants d’asile et ceux qui les soutiennent devront quitter l’institution culturelle ce jeudi 2 juillet. Dans l’intervalle, l’option envisagée par l’Eglise catholique sera soumise aux conseils de paroisse du Sacré-Cœur. Avant la mise à disposition des locaux, une convention tripartite entre l’Eglise, le collectif de soutien et la Ville de Genève doit être signée. Monseigneur Pierre Farine, évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, a confirmé que l’Eglise catholique était d’accord d’entrer en matière pour héberger temporairement les requérants du Grütli, mais que cette option devait encore être validée par les deux conseils de paroisse du Sacré-Cœur.

Si la piste de l’Eglise catholique n’était pas acceptée par les conseils de paroisse, la Ville proposera une dernière option. Dans les deux hypothèses, le soutien de la Ville de Genève est renforcé par la mise à disposition de douches au centre sportif des Vernets et l’installation, sur la plaine de Plainpalais, d’un espace pour permettre au collectif et aux requérants d’asile de faire valoir leurs revendications, avec accès à l’eau et à l’électricité.

Débat Urbanités: l'hébergement d'urgence
Le dernier débat Urbanités, organisé par la SIA en mai dernier, avait précisément trait à la question de l'hébergement d'urgence. Tandis que plusieurs intervenants invités à participer au débat ont exemplifié la question à l'aide de contextes étrangers, Michel Cornut, chef du service social de la Ville de Lausanne, a présenté le contexte de l’hébergement d’urgence à l’échelle de la ville de Lausanne.

Il a rappellé la mission du service social qui consiste à prévenir les expulsions de logement; mais aussi à héberger temporairement des personnes pour éviter qu’elles se retrouvent à la rue, par le biais de la sous-location ou les logements collectifs provisoires comme la Marmotte, les abris PC ou les Sleep-In. Chaque année, 2000 personnes représentant une centaine de nationalités recourent à l’hébergement provisoire. Pour faire face à la discrimination sur le marché du logement, le recours aux hôtels se fait de plus en plus souvent, révélant l’irrationalité de la situation compte tenu de l’énorme coût que cette démarche engendre. L’hébergement provisoire collectif constitue la première solution, pour éviter le pire; cependant, elle est aussi la plus coûteuse et il serait préférable de reloger durablement. Avec le manque de logement grandissant depuis une quinzaine d’années et une situation économique difficile, le « homeless » lausannois n’est pas un « clodo », mais une personne au revenu modeste. L’endettement constitue aussi l’un des plus gros problèmes des personnes en situation précaire.

Michel Cornut a mis en évidence l’importance du chez-soi et a présenté le modèle américain et canadien Housing first. Ce dernier permet une meilleure réinsertion des personnes, mais s’avère malheureusement impossible à mettre en place en Suisse, en raison du développement économique, de la croissance démographique forte et de la pression sur le marché du logement. Il a pourtant présenté un projet situé sur un terrain en zone non constructible aux abords de l’autoroute, sur lequel se trouvent des constructions provisoires proches du «chez-soi»: un logement modulaire, sorte de micro-appartement tenant sur un camion et assemblé en trois semaines, où il est possible de cuisiner et recevoir. Ce projet se veut un message pour agir à long terme, redonner l’estime de soi et confiance en l’avenir.
(Texte tiré et adapté du compte rendu du débat Urbanités du 11 mai 2015)