Vers l'ex­té­rieur – vers l'in­té­rieur

Le Dernier Mot d'Eugène

Data di pubblicazione
13-01-2012
Revision
19-08-2015

Deux fois de suite. Coup sur coup.
A Stockholm, j’entre dans le Musée d’art moderne, dessiné par l’architecte espagnol Rafael Moneo. J’admire quelques rayures de Buren, des boîtes de soupes de Warhol. Bref, la quincaillerie traditionnelle du 20?e siècle. Et soudain, je le vois : le Vasa dans une bouteille ! Une œuvre du plasticien londonien d’origine nigérienne Yinka Shonibare, qui a miniaturisé le célèbre vaisseau amiral ayant sombré dans la baie de Stockholm lors de son voyage inaugural, en 1628. Le Vasa fut renfloué en 1961 et depuis attire chaque année plus d’un million de visiteurs. Yinka Shonibare propose un Vasa aux voiles multicolores, réellement inséré dans une grosse bouteille.
Un mois plus tard, à Lyon, un peu par hasard, j’entre dans le Musée de la miniature et du décor de cinéma. Je traverse les étonnants décors du film Le Parfum ; je regarde la coupole miniature du Capitole qui explose dans le film de science-fiction Independance Day. Bref, la quincaillerie classique du cinéma de ces vingt dernières années. Et soudain je la vois : la salle de répétition de l’Opéra de Lyon de Jean Nouvel ! Il s’agit d’une miniature de Dan Ohlman, un fou de réalisme qui reproduit patiemment les lieux lyonnais auxquels il est attaché. Après avoir pris un millier de photos, Dan Ohlman a travaillé durant un an pour reproduire cette salle, ainsi que le panorama qui se donne à voir depuis les baies vitrées. On se souvient qu’en 1993, la transformation du vieil opéra par Nouvel fut raillée, mais peu à peu, son toit arrondi s’imposa comme un des symboles de la cité. 
Et tout à coup, je me pose une question : et si chaque ville abritait quelque part en son sein une miniature d’un de ses éléments phares ? Elle suivrait ainsi un double mouvement : vers l’extérieur en s’étalant dans les banlieues et vers l’intérieur, en sécrétant une miniature.