The World

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Le Silo analyse ici le film "The World", sorti en 2004, à travers lequel le cinéaste Jia Zhang-ke dépeint une Chine globalisée qui dialogue avec l'architecture traditionnelle des jardins de l'époque impériale

Date de publication
14-05-2013
Revision
23-10-2015

« Faites le tour du monde sans quitter Pékin. » Cette phrase, prononcée par une voix de femme dans un haut-parleur, est le slogan du World Park. Quelques-uns des monuments les plus emblématiques du monde sont reproduits en miniature dans ce parc thématique de la capitale chinoise : la Maison-Blanche, les pyramides d’Egypte, le Taj Mahal, la tour de Pise... Jia Zhang-ke, qui avait visité le lieu avec ses parents en 1993, année de son entrée à l’Institut de cinéma, y retourne pour réaliser son quatrième long-métrage, The World, sorti en 2004.
Les personnages créés par le réalisateur, des employés du parc pour la plupart, ne sont pas de Pékin. Ils viennent de la Chine rurale, comme la danseuse Tao, interprétée par Zhao Tao, actrice-fétiche de Jia, et de l’étranger, comme sa collègue russe Anna (Alla Shcherbakova). Le réalisateur, connu pour ses plans fixes, filme cette fois-ci avec une caméra en perpétuel mouvement. Le film s’ouvre sur un plan-séquence de plus de trois minutes parcourant les coulisses de la salle de spectacles du parc, et insiste sur le couloir peu éclairé entre les loges des danseurs et la scène. Plus tard, l’objectif traversera d’autres couloirs. Celui de l’hôtel où habite Tao. Celui du karaoké où elle voit Anna. A ces espaces sombres, d’apparence souterraine, le film oppose des travellings tournés en extérieur, depuis le train aérien qui conduit aux différents « pays » du parc ou bien à bord de l’ascenseur de la tour Eiffel. Deviennent ainsi réalité des vues aériennes où le Colisée et le Sphinx de Gizeh, Washington et Paris partagent le même plan. 
Au-delà du pastiche post-moderne, la Chine globalisée dépeinte par Jia Zhang-ke dans The World dialogue avec l’architecture traditionnelle des jardins de la Chine impériale. Pourvus de plantes exotiques, de peintures faisant référence à des paysages étrangers et de copies de palais européens, ces lieux offraient eux aussi aux visiteurs, habitants de l’empire du Milieu, un tour du monde sans quitter la Chine.

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