Gare cen­trale

La revue TRACÉS, en partenariat avec la Maison de l'architecture, organise une projection du film "Gare centrale", réalisé par Youssef Chahine en 1958. Ce sera le 7 mai aux cinémas du Grütli, à Genève

Date de publication
22-04-2015
Revision
21-10-2015

Chef-d’œuvre de Youssef Chahine réalisé en 1958, Gare centrale est un portrait surprenant de la société égyptienne des années 1950. Tourné dans la gare centrale du Caire, construite en 1856 (et rénovée à deux reprises, en 1892 et 1954), le film fait de ce bâtiment le décor d’un tableau nuancé des relations entre hommes et femmes.

L’histoire, celle d’un crime pervers impliquant un marchand de journaux et une jeune vendeuse de boissons, permet à Chahine de rappeler le rôle de la gare du Caire dans la modernisation sociale et politique du pays. C’est en effet entre cette gare et celle d’Alexandrie que le premier train circula sur le continent africain en 1854, sept ans seulement après le premier voyage ferroviaire en Suisse. C’est surtout dans cette gare que le mouvement féministe égyptien fit ses premiers pas : en 1923, Huda Shaarawi, de retour d’un congrès international à Rome, y retira son voile pour protester contre le code vestimentaire de l’époque, geste historique que le film remet en scène et servant de contrepoint aux aventures de l’héroïne principale : la belle Hannuma. 

Le film s’évertue à perturber la régularité et l’ordre du monde ferroviaire à la faveur d’un chassé-croisé perpétuel entre les vendeurs illégaux et les policiers qui les poursuivent. La gare fonctionne dès lors comme une micrographie des forces qui forgent l’identité urbaine de la métropole cairote : son urbanisme moderne fait de larges avenues et de bâtiments imposants et les flux informels qui envahissent et déterminent en dernière instance la forme de la ville.

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