"Un con­cours est à l'image de ses ini­tia­teurs"

Propos recueillis par Frank Peter Jäger

Entretien avec Monika Jauch-Stolz, architecte basée à Lucerne et nouvelle présidente de la commission SIA 142/143 pour les concours et mandats d’étude parallèles.

Date de publication
04-10-2017
Revision
23-10-2017

Quels sont vos principaux objectifs en tant que présidente de la commission 142/143 ?


Il me tient particulièrement à cœur d’accomplir un travail de sensibilisation. Nous n’arriverons à rien si nous nous posons en « gardiens du Saint Graal » et si notre action n’est pas perceptible sur le terrain. Les règlements 142 et 143 revêtent une importance essentielle pour la culture du bâti suisse et jouissent d’une renommée internationale – un capital qu’il nous appartient de préserver. Je suis membre de la commission des concours depuis 1992 et, avec le temps, j’ai pris conscience que le changement est certes nécessaire, mais que la constance sécurise. Ces règlements sont largement appliqués, toutefois leur compréhension doit être améliorée. Les organisateurs et jurys de concours ne disposent pas toujours des compétences requises pour mener à bien leur tâche – ce qui pose de sérieux problèmes. J’aimerais y remédier en proposant des formations, destinées notamment aux accompagnateurs et jurés de concours, car ils conseillent les commanditaires et endossent à ce titre un rôle clé. Les participants sont en droit d’attendre des jurés qu’ils possèdent non seulement des compétences techniques, mais également des connaissances en matière de droit de la concurrence.

Quelles ont été vos motivations à vous porter candidate à la présidence de la commission ?


Ruedi Vogt, le président sortant, m’a sollicitée pour reprendre cette fonction. Après avoir réfléchi à la manière dont j’allais pouvoir concilier au quotidien ma profession d’architecte avec la charge d’une présidence, j’ai décidé d’accepter.

Quels sont les chantiers prioritaires dans le domaine des règlements ?


Pour l’heure, la priorité me semble être l’adoption effective et la mise en œuvre adéquate des règlements existants. Les lignes directrices qui les accompagnent constituent un outil approprié pour en garantir l’application correcte. Le jour de mon élection à la présidence de la commission, j’ai appris que les taux horaires régulièrement publiés par la KBOB ne pouvaient plus être utilisés à compter de juillet 2017. Nous devons prendre position à cet égard et trouver des solutions adaptées – la commission 142/143 n’est d’ailleurs pas la seule concernée, la SIA dans son ensemble et plus particulièrement son comité le sont aussi. Il s’agit là d’un enjeu politique, face auquel notre commission sera avant tout appelée à jouer un rôle consultatif.

Selon vous, quelle problématique relative aux règlements 142 et 143 doit être traitée en premier ?


Il est regrettable de constater que des concours et mandats d’étude parallèles sont encore menés « en référence » aux règlements 142 et 143, une formulation trompeuse qui fausse le label « certifié conforme » octroyé par la SIA. Les règlements ne sont pas des menus à la carte : il est inacceptable que les adjudicateurs y piochent à leur convenance et concoctent ainsi des programmes n’offrant qu’un semblant de sécurité aux participants, leur faisant croire à la conformité de la procédure avec les règlements SIA.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel ?


Depuis 27 ans, je suis propriétaire d’un bureau d’architecture avec mon partenaire. Notre effectif oscille entre 15 et 20 collaborateurs. Dès le départ, nous avons obtenu des projets principalement par la voie de concours et de mandats d’étude parallèles. Nous travaillons essentiellement pour le compte de maîtres d’ouvrage publics, et nous effectuons de plus en plus de travaux de rénovation et de consolidation de logements en milieu urbain.

Il est frappant de constater que les mandats de construction deviennent toujours plus complexes. Les nouvelles constructions sont aujourd’hui souvent édifiées sur des terrains grevés par des nuisances sonores, une mauvaise orientation au soleil ou encore un environnement difficile. Tous les terrains de choix sont déjà occupés. Cela ne facilite pas notre tâche, mais la rend d’autant plus intéressante!

Entretien mené par Frank Peter Jäger, ingénieur en urbanisme, collaborateur du service Communication de la SIA ; frank.jaeger [at] sia.ch

 

 

Monika Jauch-Stolz, architecte dipl. ETHZ SIA

De 1982 à 1991, elle est assistante à la chaire de théorie de l’architecture et du design de l’ETH Zurich; depuis 1980, elle est à la tête du bureau MMJS Jauch-Stolz Architekten AG avec Martin Jauch.

Elle est membre, entre autres, de la commission des monuments historiques du canton de Lucerne (depuis 1999) et présidente du conseil d’architecture -LuzernSüd (depuis 2012).

 

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