SIA: Un dia­logue cons­truc­tif

A l’occasion d’un entretien au sommet, les présidents de la SIA et de la VSS ont fait part à Johann Schneider-Ammann, conseiller fédéral et chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche, des objectifs politiques fondamentaux de leurs associations et l’ont assuré de leur soutien dans la lutte contre la pénurie de personnel qualifié.

Date de publication
10-12-2014
Revision
05-11-2015

A la mi-septembre, Stefan Cadosch, président de la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA), et Dieter Wepf, président de l’Association suisse des professionnels de la route et des transports (VSS), ont rencontré Johann Schneider-Ammann, conseiller fédéral et chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR). Membre du PLR, ingénieur en électricité et entrepreneur, M. Schneider-Ammann est pour la SIA et la VSS un interlocuteur de taille. A la tête des départements Economie et Formation, il représente en effet deux secteurs qui retiennent en ce moment toute l’attention des associations d’ingénieurs. Stefan Cadosch et Dieter Wepf ont profité de l’occasion pour exposer les points de vue de leurs associations sur des sujets essentiels. Dans le même temps, ils ont affiché leur soutien en faveur des objectifs politiques importants de la Confédération. En dépit de leurs divergences sur certains points, les associations ont trouvé une oreille attentive.

Valeur d’une élaboration indépendante des normes 


L’un des buts essentiels de cet entretien était d’informer le conseiller fédéral M. Schneider-Ammann de la valeur concrète et de principe de la normalisation. Des voix s’élèvent régulièrement dans les rangs des acteurs politiques et économiques pour exiger que la SIA et la VSS diffusent gratuitement les normes qu’elles ont élaborées. Or la SIA a coutume de confier la conception et la mise à jour continue des normes à des groupes d’experts du bâtiment bénévoles. Le travail fourni est d’une qualité élevée, mais aussi considérable. Les deux présidents ont, avec force conviction, expliqué à Johann Schneider-Ammann que la qualité professionnelle requise et la structure organisationnelle ne pourraient pas être maintenues sans les recettes tirées de la vente des normes : aujourd’hui, à la SIA, quelque 1800 spécialistes qualifiés travaillent, dans le cadre du système de milice, dans 200 commissions à l’amélioration constante des normes pour le bâtiment suisse. La coopération avec la Confédération, l’Office fédéral de l’énergie par exemple, partenaire de la SIA pour l’élaboration des normes énergétiques, est un modèle de réussite. Malheureusement, on observe en parallèle des tendances problématiques. Les indices d’une réglementation excessive se multiplient. Ils s’accompagnent de divergences entre les différents services fédéraux et de certaines redondances dans le domaine des normes, notamment sur les marchés publics. Pour exemple de ces discordances inutiles, citons les toutes dernières évolutions relatives aux prescriptions de protection incendie : après des échanges nourris avec l’Association des établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI), nous avons abouti à une simplification et une harmonisation non négligeables de ces prescriptions. Nous espérons que celles-ci seront intégrées à la révision des prescriptions en cours au SECO.

Contre la bureaucratisation de la pratique constructive


La loi sur les produits de construction récemment votée par la Confédération et la surveillance de ces derniers, désormais opérationnelle, augurent aussi d’une réglementation croissante et d’une bureaucratisation de la pratique constructive. Il s’agissait ainsi, pour Stefan Cadosch et Dieter Wepf, de sensibiliser le conseiller fédéral aux effets contreproductifs d’un zèle régulateur et de normes concurrentes. Le dialogue s’est révélé fructueux. Membre lui-même de la SIA durant de longues années, Johann Schneider-Ammann s’est montré compréhensif envers les associations et leurs préoccupations. Sur le point d’établir des normes concurrentes, la Conférence de coordination des services de la construction et des immeubles des maîtres d’ouvrage publics (KBOB) en particulier, les laisse sceptiques. Stefan Cadosch et Dieter Wepf exhortent ici le conseiller fédéral à vérifier dans quelle mesure la KBOB est habilitée à effectuer des travaux de normalisation, d’autant qu’elle prend part à la normalisation existante. Ils ont été unanimes : des compétences définies avec clarté sont, dans ce domaine, de l’intérêt de tous. Pendant des décennies, la Confédération et les cantons ont tiré leur épingle du jeu en appliquant le modèle suisse. Il a ceci de spécifique que les normes sont mises au point par des experts indépendants et non par les autorités.

Pression sur la collection des normes suisses


Depuis quelque temps, la SIA comme la VSS constatent une pression grandissante venant de l’étranger, en particulier de l’espace européen. De plus en plus, les normes suisses doivent s’adapter aux normes européennes. Une évolution qui, selon les deux associations, ne va pas sans une perte de qualité. Pour poursuivre dans une voie indépendante et modérée propre au pays et garantir une culture nationale du bâti, les deux associations ont besoin de l’appui du conseiller fédéral. Il est donc dans leur intérêt de l’accompagner lors de missions économiques dans des pays de l’UE. Elles pourront avoir un dialogue plus direct et plus efficace avec les responsables européens des normes.

Mesures contre la pénurie de personnel qualifié


La SIA et la VSS n’ont toutefois pas noué le dialogue uniquement pour défendre leurs propres intérêts. La Confédération peut, dans un esprit de réciprocité, compter sur le soutien groupé des deux associations pour s’atteler au problème de la main-d’œuvre qualifiée. La branche suisse du bâtiment est l’épine dorsale de l’économie suisse (chiffre d’affaires : 65 milliards de CHF, 440 000 employés, soit 12 % de la population active). Afin que cet état de fait perdure, le secteur de la construction a besoin d’effectifs spécialisés. Il est alors, en particulier après l’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse, d’autant plus important de faciliter aussi la réinsertion professionnelle d’une main-d’œuvre d’un certain âge ainsi que celle des femmes.
C’est pourquoi la SIA et la VSS demandent au conseiller fédéral de soutenir de son mieux les efforts, en particulier les mesures suivantes : 
- concepts et mesures de mise en œuvre pour une promotion pertinente des femmes ;
- réinsertion des plus de cinquante ans et modèles permettant de mieux intégrer leurs connaissances dans le processus de travail. 
Les interlocuteurs misent ici sur la fonction de modèle de la Confédération, les campagnes et les systèmes d’incitation. Le conseiller fédéral a convenu avec les deux présidents qu’il fallait aussi améliorer efficacement les chances des hommes et des femmes de ce pays dotés d’une formation professionnelle supérieure en mettant en place des dispositifs d’intégration intelligents, notamment un cadre de qualification pour les diplômes de la formation professionnelle (CNC formation professionnelle, extension des programmes passerelles vers les hautes écoles, etc.) et un soutien financier adapté émanant des autorités fédérales.

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