SIA: Rap­port con­jonc­tu­rel sur les bu­reaux d’études 3/2014 Re­froi­dis­se­ment à un ni­veau élevé

Les perspectives des affaires dans le secteur des bureaux d’études restent certes bonnes mais la demande enregistre un fléchissement. A partir de 2015, les bureaux d’études devraient ressentir ce recul sous forme d’une baisse de leurs chiffres d’affaires.

Date de publication
02-10-2014
Revision
05-11-2015

Selon le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPF Zurich (KOF), le secteur suisse des bureaux d’études et du bâtiment reste solide et constitue toujours un pilier important du développement économique suisse qui reste dans l’ensemble positif. On n’attend cependant plus de stimulation supplémentaire de la demande. Les entreprises de construction ne souhaitent ainsi plus augmenter leurs effectifs. Un léger scepticisme se propage donc face à l’évolution future des affaires. Même si cette tendance se profile de plus en plus nettement, il est cependant encore trop tôt pour parler d’un développement définitif.

Fléchissement de la demande


L’aplatissement de la demande se manifeste surtout dans la construction de logements ; l’adoption de l’initiative relative à l’immigration de masse en février 2014 peut avoir contribué à la retenue des investisseurs. De plus, on a tout simplement trop construit dans quelques cantons au cours de ces dernières années : dans la ville et le canton de Zurich par exemple, le pourcentage de logements vides a augmenté d’environ 30 % par rapport à l’année précédente en date du 1er juin 2014. Le marché des surfaces commerciales souffre également de surinvestissements qui se répercutent à effet différé sur les bâtiments vides et ainsi sur la dynamique de la production immobilière.
Selon les statistiques mensuelles de Baublatt de juillet 2014, les demandes de permis de construire ont chuté de 9.1 % par rapport à l’année précédente et les autorisations de construire ont reculé de plus de 30 %. Par contre, dans le domaine de l’immobilier sanitaire (hôpitaux, foyers pour personnes âgées), on enregistre une hausse du volume de constructions. Beaucoup de constructions vieillissantes doivent en effet être rénovées ou remplacées. Cela correspond en principe à l’estimation des architectes et ingénieurs : l’enthousiasme qui avait encore marqué les résultats de l’enquête du 2e trimestre semble avoir disparu.
Cependant, en raison des projets de construction en cours, ces signes avant-coureurs de recul de la demande dans le bâtiment ne devraient se faire sentir que vers la fin de l’année 2014 sous forme de baisse des chiffres d’affaires.

Pas de changement des taux en vue


Tant que les taux d’intérêts restent bas, la demande peut potentiellement repartir dans certains segments comme la construction économique (industrie, artisanat, commerce). Depuis le début de l’année, les taux hypothécaires à long terme ont à nouveau baissé. En effet, suite à la nouvelle baisse des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), la Banque nationale suisse (BNS) doit conserver plus longtemps que prévu ses taux d’intérêt minimums pour ne pas provoquer une réévaluation indésirable du franc suisse. La Banque centrale américaine (FED) songe toujours elle aussi à poursuivre la phase de taux d’intérêts bas.

Moins d’optimisme dans le secteur des bureaux d’études


Les architectes et les ingénieurs se trouvent au début de la chaîne de création de valeur ajoutée dans le bâtiment. C’est la raison pour laquelle, ils ressentent avant les autres les changements de la demande dans notre secteur d’activité. L’enquête trimestrielle actuelle du KOF montre en effet que les estimations des bureaux interrogés sont moins optimistes que lors des enquêtes précédentes. A court terme, l’apport de prestations doit encore augmenter dans environ 15 % des bureaux interrogés. 15 % des bureaux veulent également recruter du personnel supplémentaire. Dans l’ensemble, les architectes estiment que la situation des affaires s’est notablement détériorée au cours de ces derniers mois, surtout par rapport à l’année précédente. Les retours d’information des ingénieurs sont quant à eux plus positifs. Une majorité des bureaux est satisfaite de la marche actuelle des affaires. En effet, selon les statistiques mensuelles de Baublatt, énormément de demandes de permis de construire ont été déposées en juillet 2014.

Prévisions du marché : toujours dans le vert


Même si la demande reste à un haut niveau historique, le recul enregistré pourrait marquer l’arrivée du refroidissement du marché du bâtiment et de l’immobilier, aspiré depuis longtemps suite à la surchauffe dénoncée de maintes parts. Selon le KOF, la réserve de travail des architectes est toujours de 12 mois (ingénieurs : 11 mois). Les récits de carnets de commande en progression dépassent légèrement ceux évoquant un recul des commandes ; cependant le nombre d’entreprises rapportant une demande insuffisante a augmenté dans le secteur de l’ingénierie.

La baisse des taux d’honoraires donne du fil à retordre aux bureaux


Malgré cette estimation dans l’ensemble positive, il ressort de l’enquête réalisée par le KOF que les recettes se sont dégradées pour environ 15 % des bureaux d’architectes et d’ingénieurs interrogés. Il semblerait que cette tendance se fasse surtout sentir dans le secteur des ingénieurs : malgré des carnets de commande toujours pleins, près de 20 % des ingénieurs enregistrent par exemple une baisse de leurs honoraires.

David Fässler, avocat, MBA, responsable SIA-Service , david.faessler [at] sia.ch

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