SIA: Les règles du jeu sur un mar­ché étran­ger

Concepteur suisse actif en France, Urs Keller du bureau el hassani & keller explique, comment on peut tirer son épingle du jeu même sur un marché fortement réglementé, lors du deuxième meeting export organisé par SIA-International,.

Date de publication
22-04-2015
Revision
05-11-2015

Les règles du jeu sur un marché étranger 


Concepteur suisse actif en France, Urs Keller du bureau el hassani & keller explique, comment on peut tirer son épingle du jeu même sur un marché fortement réglementé, lors du deuxième meeting export organisé par SIA-International,.

Mais pourquoi diable la France ? Pays où l’architecte doit davantage se profiler en orateur qu’en concepteur ou expert, où il doit presque toujours laisser le projet d’exécution à l’entrepreneur et où c’est le maire qui a le dernier mot pour la mise en œuvre du projet lauréat issu d’un concours ? Bref, entre tous les marchés, pourquoi s’aventurer sur ce terrain semé d’embûches ?

Les questions de ce type ont fusé parmi les participants au deuxième meeting export SIA-International, où Urs Keller, du bureau d’architecture el hassani & keller, est venu présenter un aperçu de sa longue expérience d’architecte et de scénographe en France. Avec sa partenaire d’origine marocaine l’architecte Mehdia El Hassani, Keller a réalisé nombre de projets chez nos voisins, dont le dernier en date est le concept scénographique du zoo de Vincennes à Paris. Urs Keller a certes l’avantage d’avoir étudié en France et d’avoir également fondé à Paris le bureau qu’il exploite avec El Hassani.

Keller dresse un rapport a priori sans illusions : la palette des prestations revenant à l’architecte est nettement plus restreinte qu’en Suisse, le déroulement des projets plutôt compliqué, la bureaucratie lourde, avec de nombreuses interventions du politique en matière de concours et d’autorisations de bâtir. « Si en tant qu’architecte suisse, vous envisagez de participer à un concours français, vous devriez absolument faire équipe avec un bureau sur place, car la tendance à dresser des obstacles devant les mandataires étrangers existe effectivement », affirme Keller. Et d’admettre que cela constitue un repoussoir pour beaucoup. 

Beaucoup de patience et de cœur à l’ouvrage


Dans un marché assez fortement réglementé comme la France, outre la patience, il faut mettre beaucoup de cœur à l’ouvrage. Mais une fois qu’on a assimilé les règles spécifiques au pays, on finit par se prendre au jeu, avec le savoir-vivre propre au quotidien des affaires. Les contacts se nouent autour d’un verre de vin et les contrats se finalisent lors d’un dîner. Pour Keller, un des grands points forts de la France est qu’on peut collaborer à des projets d’une originalité et d’une envergure qu’on ne trouvera pas ou rarement en Suisse. Mais pour y parvenir, il faut savoir se présenter avec talent et soigner son propos. Discours et communication sont une des clés du succès des architectes en France. Il faut être capable de décrire et de vendre son projet sans accroc, ce qui implique de solides connaissances linguistiques.

Même pour les candidats suisses maîtrisant ces prérequis, la question suivante n’en est pas pour autant résolue aux yeux de l’assistance: vu que la France ne semble guère demandeuse de savoir-faire suisse, pourquoi y offrir ses services et quelles sont les potentiels de marché ? Patrice Jacquier, directeur du Swiss Business Hub à Paris, offre une réponse : l’intérêt réside dans la complémentarité plutôt que dans la concurrence des offres, comme il peut régulièrement le constater dans le cadre de la promotion et du soutien à l’exportation qu’il assure en France sur mandat de la Confédération.

Atouts des concepteurs suisses


La Suisse disposant de compétences spécifiques intéressantes sur des enjeux tels que le logement coopératif, l’assainissement énergétique ou le renouvellement du bâti existant, elle peut très bien développer ces niches en collaboration avec des partenaires locaux. Parfaitement conscients des compétences offertes par les Suisses, les Français seraient de ce fait ouverts aux solutions novatrices. Le critère du prix n’est alors plus ­nécessairement au premier plan et cède la place à la plus-value que le mandant peut en retirer. Cela dit, les solutions suisses ne sont pas directement transposables au marché français, ne serait-ce qu’en raison des différences de mentalités. D’où la nécessité de faire preuve de créativité et d’ouverture à d’autres habitudes, ce qu’Urs Keller voit aussi comme une source d’inspiration. Il observe par ailleurs que le discours architectural développé ici suscite une adhésion croissante en France, ce qui crée des conditions favorables pour jeter des ponts entre la qualité suisse et la touche française.

 

__NO_VALUE__

Urs Keller est architecte diplômé DESA/REG A/SIA, scénographe, co-fondateur et directeur du bureau el hassani & keller établi à Paris et Zurich. Parmi ses clients figurent des entreprises telles que le Swatch Group, l’horloger Breguet et les chocolats Lindt, mais aussi des maîtres d’ouvrage publics comme le Musée national d’histoire naturelle à Paris. Le prochain meeting export aura lieu le 3 juillet 2015 chez Richter Dahl Rocha & Associés architectes à Lausanne qui présenteront leurs activités en Argentine. 
Informations complémentaires et inscriptions à l’adresse : www.sia.ch/form.

Magazine

Sur ce sujet