Re­gain de con­fiance au troi­sième tri­mestre

Les Suisses consomment plus qu’avant le début de la pandémie de COVID-19 et les bureaux d’étude se montrent à nouveau plus optimistes. Quid de l’effondrement économique qui avait été annoncé? La dernière enquête du Centre d’études conjoncturelles de l’EPFZ (KOF) apporte des éléments de réponse.

Date de publication
25-08-2020

Pour la deuxième fois d’affilée, le baromètre conjoncturel du KOF est remonté en juillet 2020, soit la plus forte augmentation mensuelle jamais enregistrée, comme le souligne le KOF dans son communiqué du 30 juillet 2020. Même son de cloche dans l’intitulé de la Sonntagszeitung du 2 août 2020 qui titre «Les Suisses dépensent leur argent à pleines mains». Comme il ressort de l’enquête conjoncturelle réalisée en juillet par le KOF, l’optimisme ambiant se reflète également du côté des bureaux d’étude qui se montrent à nouveau plus confiants quant à la situation économique, même si un voile de pessimisme persiste.

 

Éclaircie à l’horizon

Bonne nouvelle: presque la moitié des bureaux d’étude interrogés, soit 45 %, jugent la marche de leurs affaires bonne, 46 % l’estiment satisfaisante, tandis que 8 % la considèrent mauvaise. En revanche, pour ce qui est des carnets de commande, 40 % des participants à l’enquête déplorent une demande insuffisante, alors qu’ils n’étaient que 32 % dans cette situation au mois d’avril. Toutefois, par rapport à la dernière enquête, ils n’en revoient pas moins à la hausse leurs attentes quant à l’évolution de la marche des affaires sur les six prochains mois, puisque 12 % tablent sur une progression et 75 % sur un maintien du statu quo; seuls 13 % craignent une dégradation. Ces chiffres se recoupent à peu près avec ceux de l’emploi: dans les 3 prochains mois, 17 % des bureaux d’étude prévoient une augmentation de leurs effectifs, 72 % n’anticipent aucun changement, tandis que 11 % s’attendent à une réduction. La situation est donc plus favorable qu’en avril 2020, lorsque 29 % conjecturaient une baisse, 67 % un maintien, et seulement 4 % une augmentation. Le volume de commandes, qui s’étalait sur 9,9 mois au deuxième trimestre, devrait connaître une légère hausse au troisième trimestre 2020 pour s’établir à 10,2 mois (chiffres apurés des variations saisonnières).

 

Optimisme de mise chez les architectes

Les bureaux d’architecture se montrent plus optimistes dans leurs évaluations de la situation conjoncturelle qu’en avril dernier: 40 % des participants à l’enquête la jugent bonne, 48 % lestiment satisfaisante et seulement 12 % la considèrent mauvaise. Ils se montrent également plus confiants dans l’avenir: il ressort de cette dernière enquête, après correction des variations saisonnières, que 17 % des bureaux prévoient une amélioration de la marche des affaires dans les six prochains mois et que 68 % n’envisagent aucun changement. Seuls 15 % s’attendent à une dégradation. Cest une nette embellie, considérant qu’en avril 2020, 44 % craignaient une détérioration, 47 % nescomptaient aucun changement et seulement 9 % jugeaient une amélioration probable. Idem pour ce qui est des prévisions relatives à la demande et à la situation bénéficiaire pour les trois prochains mois: alors qu’une forte dégradation avait été enregistrée en avril 2020, les attentes sont nettement remontées. Le volume de commandes apuré des variations saisonnières passe de 10,8 mois en avril à 11,1 mois en juillet 2020.

 

Même son de cloche chez les ingénieurs

Les bureaux d’ingénierie également affichent un nouvel optimisme dans la dernière enquête du KOF: ils sont ainsi 8 % à escompter une amélioration de la marche des affaires, 81 % à tabler sur un maintien et seulement 11 % à redouter une dégradation. La situation est donc plus favorable qu’en avril 2020, lorsque 45 % conjecturaient une baisse, 50 % un maintien et 5 % une augmentation. Les attentes relatives à la demande, à la capacité à fournir des prestations et à la situation bénéficiaire dans les trois prochains mois aussi sont à la hausse. En outre, le volume de commande passe, après correction des variations saisonnières, de 9,2 à 9,6 mois.

 

Contre-coups de la pandémie de COVID-19

Comme le souligne le KOF, l’optimisme des bureaux d’étude reflète celui des consommateurs suisses. En effet, la consommation privée a connu une forte et inattendue augmentation – ce qui sécurisera l’emploi et constitue un signe encourageant pour l’avenir. Autre marqueur positif, la hausse de la mobilité: car qui se déplace, que ce soit en transports publics ou par ses propres moyens, consomme davantage. Si les indicateurs semblent au vert, d’autres en revanche sont préoccupants: la KITAG Kino-Theater SA, le premier exploitant de salles de Suisse alémanique, a par exemple été contraint de fermer ses cinémas du lundi au jeudi jusqu’à nouvel ordre. Dans un communiqué publié le 2 août 2020, GastroSuisse, l’association professionnelle de l’hôtellerie et de la restauration déplore, par rapport au même mois de l’année précédente, un important recul du chiffre d’affaires des restaurateurs dans les villes et agglomérations pour le mois de juillet. Dans sa newsletter du mois d’août, Credit Suisse fait part d’un net rétablissement de la conjoncture, mais tempère: la deuxième phase de récupération sera plus poussive en raison d’un contexte déstabilisant pour les consommateurs et d’un commerce international plombé par la crise pandémique. Aux États-Unis par exemple, la reprise économique présente des premiers signes d’essoufflement, un signe qui invite à la prudence car comme le veut la maxime boursière: lorsque les États-Unis toussent, l’Europe senrhume. Une chose est sûre: nous sommes loin d’un retour à la normale. En conclusion, comme le souligne le KOF, l’économie a touché le fond et la reprise s’esquisse, mais les répercussions de la crise se feront sentir encore longtemps.

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