Prix de Ge­nève pour l’ex­pé­ri­men­ta­tion ar­chi­tec­tu­rale

La première session du Prix de Genève pour l’expérimentation architecturale s’est achevée le 17 septembre 2019 par la remise du prix et de cinq mentions aux lauréats. Créé grâce à une donation de l’architecte Daniel Grataloup, il a pour but de soutenir les réalisations et concepts novateurs dans les domaines de l’architecture, de la construction, de l’urbanisme et du paysage.

Date de publication
24-04-2020
Francesco Della Casa
architecte du Canton à Genève. Il a été rédacteur en chef de TRACÉS de 1999 à 2011.

Cette première session a suscité un nombre remarquable de candidatures venues des cinq continents. Ce ne sont ainsi pas moins de 202 projets qui ont été soumis à l’examen d’un jury composé de Carlotta Darò, docteure en histoire de l’art, Leïla el-Wakil, architecte et historienne de l’art, Sabine Nemec-Piguet, ancienne directrice de l’Office du patrimoine et des sites, Francesco Della Casa, architecte cantonal, Christian Dupraz, architecte, Daniel Grataloup, président, Jean-Pierre Greff, directeur de la HEAD, Julien Grisel, architecte, Gabriele Guscetti, ingénieur civil, Jean-Frédéric Lüscher, architecte et directeur du Service des monuments et des sites, et Andreas Ruby, directeur du Swiss Architecture Museum de Bâle.

La tâche du jury s’est avérée extrêmement ­complexe, au vu du champ très vaste et de la variété des expérimentations proposées. Après un premier tour de sélection qui lui a permis de retenir 43 propositions, le jury a choisi six équipes, dont les projets adoptaient des stratégies clairement distinctes les unes des autres. Il s’agissait pour lui d’établir un palmarès qui ait la capacité de manifester la diversité des formes d’expérimentation architecturale en guise de réponse à plusieurs problématiques qui préoccupent nos sociétés contemporaines.

Le projet lauréat du 1er Prix de Genève, «Together Spaces, l’espace à l’ensemble», illustre à lui seul ­plusieurs aspects de l’expérimentation architecturale. Tout d’abord, par le mode de collaboration des membres de l’agence Kosmos Architects (RUS), laquelle réunit trois partenaires d’origine russe, ­Artem Kitaev, Leonid Slonimskiy et Nikolay Martynov, qui collaborent virtuellement depuis Bâle, Moscou, Bangkok et New York. Ensuite, par le mode de représentation de leurs projets, qui utilise le medium de l’illustration pour (grands) ­enfants, afin que chacun puisse en comprendre la portée et le propos. Enfin et surtout, par les programmes et l’économie de leurs projets: une boîte à sports de plein air à Moscou; la reconversion d’une usine désaffectée en cluster pour artistes au moyen d’une simple feuille d’isolation; un pavillon interactif pour que chacun puisse mesure son impact sur l’environnement et le changement climatique; un espace artistique flottant sur le modèle des «Fähri» bâloises sur le Rhin; la transformation d’immeubles de logements sociaux de forte densité en «état libre et autonome» à Saint-Pétersbourg; la reconversion d’une fontaine historique en spa; un tunnel transformé en jardin botanique ; ou des espaces sur les frontières, destinés à unir les peuples plutôt qu’à les séparer.

Les cinq projets mentionnés semblent faire chorus au travail lyrique de Kosmos.
«Operosa Antra», d’Aurélien Reymond (CH), explore les possibilités de concevoir et de construire des espaces troglodytes, de la grotte à la cabane sur le sable, en passant par le bunker ou le «toblerone» antichars.

«Stuctures of Landscape», de l’agence Ensamble Studio (USA), propose un travail sur le paysage, au nord du Parc national de Yellowstone. En recourant à des techniques de moulage de l’empreinte d’une cavité dans le terrain, puis en la redressant ou en la renversant, ils créent des structures architecturales minimales et rustiques, qui évoquent dolmens ou menhirs.

«Le Jardin Météorologique», de Philippe Rahm (FR), a la portée d’un manifeste: la forme doit suivre le climat. Il s’agit d’un jardin météorologique d’un demi-hectare, situé dans la partie nord-est du Parc Central de Taichung à Taïwan, qui crée une série de microclimats en accentuant les effets des arbres existants dans le parc et en les renforçant par le recours à des appareils – appelés «météores» – qui accroissent l’humidité ou les mouvements de l’air et qui fonctionnent exclusivement au moyen d’énergies renouvelables.

«Cloud of Luster», de KTX archiLAB (JPN), se propose de transcrire l’esprit des cérémonies de mariage dans un pavillon aux qualités oniriques et poétiques. L’espace intérieur évoque un nuage. Il est enveloppé par une série de vitrages curvilignes, laissant pénétrer la lumière naturelle.

«Kopfbau K.118», de l’agence Baubüro in situ (CH), illustre le potentiel stratégique du réemploi, à l’heure où certains matériaux de construction commencent à manquer et où les décharges sont saturées. Il s’agit d’un projet mixte logements-activités, réalisé à partir de la transformation d’une halle industrielle, avec surélévation de trois niveaux, dont la plupart des éléments de construction – structure métallique, panneaux de façade, escalier de secours, fenêtres, portes intérieures, radiateurs, plaques de pierre, etc. – ont été récupérés sur des chantiers de démolition situés dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres.

Fort du succès remarquable de cette édition inaugurale, le Prix de Genève verra sa prochaine session avoir lieu en 2021.

Palmarès

 

1er prix: «Together Spaces, l’espace à l’ensemble» de l’agence Kosmos Architects

 

«Operosa Antra», d’Aurélien Reymond (CH), projet mentionné

 

«Stuctures of Landscape», de l’agence Ensamble Studio (USA), projet mentionné

 

«Le Jardin Météorologique», de Philippe Rahm (FR), projet mentionné

 

«Cloud of Luster», de KTX archiLAB (JPN), projet mentionné

 

«Kopfbau K.118», de l’agence Baubüro in situ (CH), projet mentionné

 

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