Place de la Gare, La Chaux-de-Fonds (NE), 2016 - L'es­pace ré­vélé

Date de publication
17-10-2018
Revision
25-10-2018

Une nappe d’enrobé bitumineux uniforme se déroule jusqu’aux façades imposantes des bâtiments qui cadrent la place : la gare au fond de la perspective, la poste à gauche et l’ancienne Chambre suisse de l’horlogerie à droite. Là où, auparavant, l’espace était encombré de multiples édicules, mobiliers et véhicules, le sol a été entièrement vidé, offrant les façades au regard, sans obstacles, et laissant prendre la mesure de la monumentalité des bâtiments et de l’espace qui les lie.

Sur ce sol neutre qui ne s’exprime ni par sa matérialité, ni par des différences de niveaux (tout est en pente douce, sans ruptures), deux couverts sont posés de part et d’autre de l’entrée principale de la gare. Très hauts, très fins, hérissés d’une forêt de piliers blancs, ces deux objets étranges sont à la fois graciles et – eux aussi – monumentaux. Aucune référence ici à une esthétique traditionnelle de gare routière, d’abribus ou de mobilier urbain, pas plus qu’aux couleurs ou aux matières présentes dans la ville. Les couverts assument la rupture. Ils viennent d’ailleurs, d’une autre temporalité et d’un autre lexique architectural.

L’espace de la place est d’une grande clarté. Sans doute parce qu’elle s’organise très simplement, par grands volumes et surfaces : les deux couverts blancs, la masse boisée du parc, le sol en enrobé, les façades des bâtiments anciens. La gamme de couleurs est elle aussi réduite : le gris du sol, le blanc des couverts, le métal et le bois clair des mobiliers, le jaune des façades. Presque paradoxalement, l’invention de deux objets spectaculaires et déterritorialisés réactive l’austérité et la rationalité de la grille qui organise toute la ville. Par l’évidence et la force de son parti-pris architectural et urbain, le projet parvient aussi à sublimer la complexité programmatique de ce type d’espaces publics multifonctions auxquels on enjoint à la fois d’être emblématiques, de gérer des flux multiples en toute sécurité, tout en étant faciles à entretenir et durables.

 

Données du projet

Maître d’ouvrage : Ville de La Chaux-de-Fonds

Architectes : frundgallina architectes
Architecte paysagiste : Paysagestion
Ingénieurs civils : gvh ingénieurs civils

Dates : concours d’architecture 2011, projet 2012–2013, réalisation 2014–2016
Surface constructions : 1944 m2
Surface réaménagée : 18 000 m2
Coût : 17,3 mio fr.

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