Pho­to­vol­taïque in­té­gré au bâ­ti­ment: oui, mais pour quoi faire?

Editorial du numéro TRACÉS 03/2020

Date de publication
06-02-2020

Le secteur de la construction est responsable de 40 % des émissions de CO2 à l’échelle mondiale. Il paraît donc logique que les solutions à mettre en œuvre pour décarboniser nos modes de vie intègrent les professionnels du bâti. À cet égard, le développement massif du photovoltaïque est l’une des clés essentielles pour espérer atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050. Leur transposition dans la réglementation conduit de facto à une solarisation des façades qui, aujourd’hui encore, horripile une majeure partie des acteurs de la culture du bâti. S’il est facile de trouver des mauvais exemples, les bons existent –probablement dans la même proportion que pour le bâti «fossile» classique. Le photovoltaïque actuel permet d’envisager un projet de construction sans craindre de verser dans une esthétique de station spatiale– même s’il s’agit du domaine d’origine de cette technologie. Mesdames et Messieurs les architectes, tirez les premiers! Osez être les pionniers de ces nouveaux matériaux, emparez-vous des questions qu’ils posent avant que les technocrates vous imposent leurs réponses!

Mais, qu’on l’envisage comme une contrainte ou une opportunité, le virage énergétique nécessite de débattre de ses finalités. À quoi bon entreprendre la décarbonisation de la construction si c’est pour en injecter les bénéfices dans une consommation boulimique de mobilité électrique (avec son cortège de problématiques environnementales –le Salar de Uyuni1 vous en remercie– et de technologie numérique. Si la technologie est mûre, c’est avant tout à la société d’intégrer la nécessité d’un retour à une plus grande sobriété consumériste, faute de quoi le virage énergétique ne suffira pas à éviter le mur, fait de changement climatique et d’amenuisement des ressources, qui nous fait face.

 

Note

1. Le Salar de Uyuni, situé sur l’altiplano bolivien, est la plus grande étendue de sel du monde (11 000 km², soit une fois et demi la superficie du canton des Grisons) et constitue la plus grande réserve de lithium. Chaque batterie de voiture électrique contient plusieurs dizaines de kilos de cet élément, dont l’extraction nécessite de grandes quantités d’eau alors que le Salar de Uyuni se trouve dans l’une des régions les plus arides au monde. Cette problématique concerne de nombreux salars, moins iconiques, répartis entre l’Argentine, le Chili et la Bolivie.

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