Le tour­nant éner­gé­tique pour la pros­pé­rité

Séminaire d'automne à la Foire Maison et Energie

Sous le titre «Le tournant énergétique est en marche – nouvelles dimensions dans la construction énergétiquement efficiente» dix orateurs du Séminaire d'automne – malheureusement il n'y avait pas d'oratrices – ont présenté leurs exposés qui ne traitaient qu'en partie du sujet annoncé, et seulement au sens le plus large.

Date de publication
11-11-2012
Revision
19-08-2015

Les nombreux sujets allaient du développement d'accumulateurs d'énergie décentralisés en passant par les maisons de bois, les Green Buildings et l'e-mobilité et jusqu'à l'utilisation de luminaires LED. Trois points essentiels ressortent de ce vaste spectre: plusieurs exposés ont clairement fait apparaître que la stratégie énergétique 2050 mise pour la première fois en consultation par le Conseil fédéral en septembre 2010 ainsi que la décision, prise après l'accident du réacteur japonais de Fukushima, d'abandonner l'énergie nucléaire peuvent offrir une chance à l'économie suisse. Les chiffres correspondants ont été fournis par Lucas Bretschger du Center of Economic Research de l'EPF de Zurich, qui a déclaré dans son exposé que le développement prévu ne stagnerait pas par suite du tournant énergétique mais connaîtrait même une croissance. Par le tournant énergétique, l'économie suisse pourrait obtenir, en tant que «first mover» sur le plan international, une avance dans le développement et la réalisation de nouvelles technologies de production, de réduction et d'accumulation d'énergie.
Patrick Hofer-Noser, président de Cleantech Switzerland, a également élargi la perspective en rappelant que le réchauffement climatique était un problème mondial. Et un marché mondial – il suffit de penser à l'utilisation d'énergies alternatives ou à des assainissements énergétiques futurs dans les états arabes ou en Chine.

De nouveaux produits pour l'effectif actuel

Le rôle déterminant de l'effectif actuel de bâtiments dans la réduction de la consommation d'énergie est indéniable. Bien que le fait soit connu depuis des années, les améliorations énergétiques ne représentent qu'une fraction du volume construit. Du point de vue esthétique, ce sont surtout les façades équilibrées et classées monuments historiques qui sont problématiques. Aussi deux orateurs ont-ils présenté de nouveaux développements qui répondent à ce problème. 
Peter Richner, directeur adjoint de l'Empa, a présenté un crépi isolant à base d'aérogel et de chaux actuellement en cours d'essai dans le cadre d'un projet pilote. Le crépi atteint un coefficient  ? de 0.03 W/m²K et est donc supérieur au polystyrène. Si les tests continuent de donner des résultats positifs, la commercialisation est prévue pour 2013.
Gerd Hauser de l'institut Fraunhofer de physique de construction à Stuttgart s'occupe également de l'amélioration technique des bâtiments. Il se concentre sur l'isolation mais aussi sur le montage d'installations efficaces d'aération. Etant donné que les conduites nécessaires ne peuvent être intégrées qu'au prix d'efforts considérables surtout dans les bâtiments historiques, son institut a développé des éléments de matériaux isolants à canaux de ventilation intégrés qui peuvent être montés sans grand effort sur la façade et raccordés depuis l'intérieur. Lors d'un projet pilote réalisé sur un immeuble des années 1950, ce système a permis de réduire du facteur cinq les coûts budgétisés de l'assainissement énergétique.

Le problème de l'accumulation décentralisée

Le troisième grand sujet de la manifestation a été la décentralisation du réseau énergétique par l'utilisation d'énergies alternatives et le problème d'accumulation qui en résulte. Les approches sont ici variables: tandis que les uns souhaitent utiliser le parc de bâtiments comme masse d'accumulation, d'autres développent surtout des accumulateurs chimiques (Empa, Institut Paul Scherrer). Quant à savoir quelles répercussions leur exploitation aura sur le bilan énergétique global d'un bâtiment, y compris l'énergie grise, la question est restée ouverte. Une autre possibilité consisterait à utiliser des «smart grids» conjointement à un changement du comportement de consommation: au lieu d'orienter l'offre en fonction de la demande, la demande devrait s'adapter à l'offre effective.

Qui en profitera?

Il est désormais indiscutable que le tournant énergétique est une réalité. Le développement technique de systèmes de réduction d'énergie, de production d'énergies alternatives et d'accumulation décentralisée progresse. Cela donne lieu à un certain optimisme.
En revanche, le comportement des utilisateurs reste un problème. Il ne changera tout au plus que lentement et même une catastrophe telle que celle survenue au Japon n'aboutit pas au quotidien, même au long terme, à une utilisation plus consciente des ressources. A cela s'ajoute que les instituts, sociétés et pouvoirs publics sont bien de plus en plus actifs mais souvent uniquement dans leur propre domaine d'intérêt. C'est la vue globale sur le système qui fait souvent défaut. On a l'impression que le tournant énergétique est gouverné par des intérêts individuels. Il sera donc intéressant de voir dans quelle direction le tournant énergétique ira – même si des pronostics peuvent déjà calculer le prix du courant électrique pour 2050 à deux décimales près.

Traduction de Richard Squire

Sur ce sujet