Le rôle culturel des fondations
Suite à la publication du numéro de Tracés sur la Fondation Louis Vuitton à Paris, un lecteur relève le rôle culturel important que peuvent jouer les fondations privées.
Suite à la publication du numéro de Tracés sur la Fondation Louis Vuitton à Paris, en particulier l'article le «Rois de Paris», nous avons reçu des réactions de lecteurs. Avec leur accord, nous avons décidé de les publier.
Monsieur,
C’est avec beaucoup d’intérêt que je viens de découvrir l’édition du 7 novembre de la revue Tracés.
Vous la consacrez entièrement au nouveau bâtiment Vuitton à Paris, et vous avez rassemblé plusieurs textes intéressants au sujet de cet édifice et sur l’architecte, M. Fr. Gehry. J’apprécie beaucoup le sérieux de vos analyses, autant dans le texte de M. Hal Foster que dans votre éditorial. Je connais des réalisations de M. Gehry à Weil am Rhein, Bilbao et Los Angeles et je vois que notamment vos remarques sur les œuvres tardives de l’architecte s’appliqueraient peut-être aussi à son nouveau palais de verre chez Novartis à Bâle.
Mais je dois quand même vous dire mon désarroi.
Au sujet de M. Arnault, dans le texte «le roi de Paris», vous parlez «des sommes qu’il parvient à soustraire légalement au fisc français» - on se souvient, évidemment, de la controverse autour du domicile fiscal de M. Arnault à laquelle vous faites allusion. Plus loin, vous critiquez le mécène qui «se substitue» à l’Etat et, à la fin de votre texte, vous dites du nouveau bâtiment qu’il «resplendit de toute la vulgarité des intentions de ses commanditaires».
Ce qui me dérange profondément c’est que vous vous voulez apparemment dire que la fiscalité de l’Etat est toujours légitime et que, en matière culturelle, l’Etat doit toujours avoir le dernier mot. Il y a, en Suisse, de nombreuses fondations qui servent des fins culturelles et qui sont parfaitement indépendantes des Etats donc des Cantons , de leurs politiques culturelles et des budgets publics. Cet état de choses me semble être positif, même très précieux, un élément essentiel de ce que l’on appelle la société plurielle. Et maintenant qu’un phénomène semblable apparaît en France, vous couvrez son auteur de votre mépris.
Je crois que là vous tombez dans un automatisme franco-français, qui ne trouve aucun salut en dehors de l’Etat. Je ne crois pas que ça corresponde à la raison d’être de Tracés.
Je vous prie d'excuser mes paroles si elles sont trop brusques je ne suis pas francophone.
Respectueusement,
Urs Weber