Le fu­tur Par­le­ment vau­dois: le com­pro­mis de trop

Date de publication
28-11-2012
Revision
19-08-2015

La publication la semaine dernière des nouvelles images de synthèse du toit du parlement vaudois a de quoi susciter l'indignation. Le projet, passé à la moulinette de la bienséance architecturale, perd l'essentiel de ce qui pouvait le rendre intéressant, à commencer par sa forme.
Trop audacieuse pour les autoproclamés défenseurs du patrimoine, la forme asymétrique du toit a été ostensiblement réduite et rendue symétrique. Ceux qui par leurs réactions ont imposé ce choix, ignorent que l'asymétrie est une des caractéristiques les plus répandues de l'architecture médiévale. C'est l'ère baroque, dans sa négation de l'héritage du Moyen Age, qui va s'acharner pour en rectifier les irrégularités. Un toit asymétrique rendait hommage à la ville du moyen-age. Le retour à la symétrie lui préfère l'ère classique et néoclassique.
La proposition initiale dialoguait avec cet héritage millénaire. La nouvelle version corrigée ne parle pas, car elle n'a plus de voix: elle se dissimule. Sans parler du choix de la tuile vaudoise, censé permettre une meilleure intégration dans le skyline lausannois. Comme si l’homogénéisation était l'unique façon d'intégrer des éléments hétérogènes. Les choses peuvent s'accorder sans être des copies conformes les unes des autres. Le contraste, le contrepoint sont souvent de meilleurs liants que l'uniformisation. Le toit révisé du nouveau parlement est un cas flagrant de compromis qui défigure au point de faire perdre le sens initial. Mieux vaut dans certains cas renoncer à un projet plutôt que d'accepter de telles modifications.
Le juste milieu peut dans certains cas s'avérer une aberration aussi néfastes que les supposés extrêmes. La proposition initiale était un geste contemporain, franc, capable de rentrer en synergie avec l'héritage ancien. La proposition corrigée est un travestissement. Une parodie d'intégration vouée à l'échec. Les instigateurs du référendum contre le toit peuvent se réjouir: ils sont parvenus à leur fin. Reste à savoir quelle était la cible réelle de leur ressentiment. Une chose est certaine: un parlement contraint de se camoufler n'est pas un très bon signe pour la santé de la démocratie.

Sur ce sujet