L’ar­chi­tec­ture ani­mée

Editorial du numéro 20/2019

Date de publication
17-10-2019

Des projections au Pavillon Sicli, à l’École d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg, bientôt un second festival Écrans Urbains ainsi qu’un nouveau prix: TRANSFER Video Award. Le film a le vent en poupe chez les architectes ! C’est aussi réjouissant que paradoxal: alors que la vidéo et les techniques d’animation sont aujourd’hui à la portée de tous, pourquoi ce médium est-il toujours si peu utilisé pour concevoir des espaces, rendre un projet, représenter l’architecture?

Dans Space Time Architecture (1941), Sigfried Giedion décrivait son expérience de la visite de la tour Eiffel par ascenseur : «L’interpénétration de points de vue constamment changeants crée, dans l’œil des spectateurs mouvants, un aperçu dans l’expérience de la quatrième dimension». Cette visite devait marquer l’historien et servit à forger une définition dynamique de l’architecture moderne, opposée celle, «statique», de la Renaissance. Et l’instrument qui permettait de la décrire était évidemment la caméra, dont les Modernes se sont immédiatement saisis. Or, le film n’a pas la reproductibilité de l’image imprimée, et c’est essentiellement par la photographie que celle-ci a été divulguée – privilégiant sans doute une définition fondée sur les formes, les objets, les «jeux savants et magnifiques…».

Dans ce numéro, deux historiens viennent apporter leur contribution à une alternative historiographique : non seulement les avant-gardes de l’architecture et du cinéma naissant étaient liées, mais le film et l’animation ont pu jouer un rôle intéressant dans la réinvention de l’architecture, en la rendant dynamique, mouvante, presque vivante. Si la photographie peut mettre à distance le sujet et contribuer à rendre l’architecture objective et autonome, le film, lui, nous plonge immédiatement dans l’expérience spatiale. Il traduit une définition plus sensible, plus engagée, corporelle. Alors que nous croulons sous les images, les représentations plates, iconiques et sans profondeur, ce regain d’intérêt pour l’architecture animée ouvre une perspective réjouissante. 

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