«LA SUISSE 2050»: Bâ­tir sur le bâti

Repenser l’aménagement du territoire et la planification: l’ETH Studio Basel se lance dans le projet «La Suisse 2050 – territoires et ouvrages» en adoptant une approche transdisciplinaire non conventionnelle.

Date de publication
24-05-2016
Revision
26-05-2016

A quoi ressemblera la Suisse dans 35 ans? Pour couronner les années d’enseignement dispensé par Jacques Herzog et Pierre de Meuron à l’EPF Zurich, l’ETH Studio Basel veut, sur un mode provocateur mais réaliste, exposer des pistes de développement territorial pour notre pays. A l’encontre de la réalité dominante d’un aménagement soumis à une forte fragmentation thématique, les Bâlois prônent un urbanisme du point de vue de l’architecte et du généraliste.
A l’aide d’un vocabulaire précis et d’un procédé d’analyse rigoureux, les problèmes sont considérés dans leur globalité, en s’interrogeant et en portant un regard critique sur la réalité de la planification territoriale, par exemple sur la loi révisée sur l’aménagement du territoire.

Une nouvelle lecture de l’urbanisation

Avec ce projet, Jacques Herzog et Pierre de Meuron renouent avec des thèmes qu’ils ont déjà abordés auparavant à l’ETH Studio Basel et dont les résultats de recherche ont été intégrés dans plusieurs publications: La Suisse – portrait urbain (2006), The Inevitable Specificity of Cities (2014) et Achtung: die Landschaft. Kann man die Stadt anders denken? Ein erster Versuch (2015). Ces études, qui plaident pour une nouvelle lecture des processus d’urbanisation et exigent la redécouverte du potentiel inhérent au territoire, fourniront au nouveau projet à la fois une base de travail et des approches méthodologiques qui ont fait leurs preuves.
Comment mettre en œuvre un projet aussi ambitieux? Lors de la phase initiale, le Studio Basel s’est focalisé sur l’aire métropolitaine trinationale de Bâle, un territoire familier, afin d’y développer une méthode de travail claire et radicale. La méthode et le vocabulaire mis au point lors de cette étude de cas serviront de modèle d’analyse pour d’autres territoires en Suisse, en tenant compte du caractère spécifique de chaque région, et seront adaptés afin d’être applicables.
La maxime «Bâtir sur le bâti» a été définie comme thèse clé du projet. Est-il possible d’absorber la croissance démographique (estimée à plus ou moins 10 millions de personnes) au sein des zones urbanisées existantes, de stopper ainsi la progression du mitage urbain et, dans le même temps, de placer le non bâti, c’est-à-dire les sites naturels, au cœur des préoccupations? Comment est-il possible de mettre cette idée en pratique?

Territoire, individu et pouvoir

Une matrice de conception a été établie à partir des facteurs décisifs que sont le territoire, l’individu et le pouvoir. Elle prendra en compte les forces déterminantes telles que les facteurs politiques, économiques, techniques, sociaux et culturels, mais aussi l’interaction complexe entre les acteurs clés des milieux politiques et économiques, de l’opinion publique et de l’aménagement, et les exposera de manière intelligible. Pour cela, le «territoire» est subdivisé en quatre typologies thématiques pondérées: «Renforcer le rôle des sites naturels», «Permettre à l’agglomération de devenir ville», «Remettre en question l’intouchable ville existante», «Repenser les espaces d’infrastructure », et systématiquement analysé sur des sites concrets (dans l’espace métropolitain bâlois, p. ex. Gempen, Muttenz-Pratteln, Grand-Bâle, Lange Erlen). 
Afin d’améliorer la compréhension de ces sites, l’individu et l’ensemble de ses activités ainsi que le pouvoir politique sous toutes ses formes sont inclus dans l’évaluation.
Les interventions spécifiques s’appuient sur des maximes simples d’aménagement: «Bâtir sur le bâti», «Aménager l’espace public », «Relier au lieu de dissocier», «Promouvoir l’esthétique», «Assurer une densification programmatique porteuse d’urbanité», «Approvisionner et éliminer», «Penser au-delà des frontières politiques».
Les auteurs du projet ont besoin du soutien actif d’experts internes à l’EPF Zurich et de spécialistes externes de secteurs différents, et doivent instaurer un dialogue avec eux. Les groupes professionnels et sociétés spécialisées de la SIA ainsi que les sections seront également impliqués dans le processus. S’ajoute à cela un comité de réflexion dit «Sounding Board» où des philosophes, mais aussi des écrivains et des historiens s’exprimeront et commenteront le processus de manière critique. Le projet bénéficiera ainsi d’impulsions provenant d’autres domaines. Les résultats du projet seront présentés le plus clairement possible à un large public afin de lancer un débat constructif et productif sur «La Suisse 2050». 

Ce texte a été rédigé avec le concours du Dr Katia Frey (département d’architecture de l’EPF Zurich) et de Julian Oggier (ETH Studio Basel).

Étiquettes

Sur ce sujet