La res­pon­sa­bi­lité des con­seil­lers et des ju­rys de con­cours

Il est attendu des organisateurs d’un concours qu’ils disposent de solides connaissances pour le préparer et le mener à bien. Au besoin, ils peuvent solliciter les services de conseillers qui clarifieront la faisabilité du projet et proposeront la forme de procédure adaptée. De leur côté, les jurés doivent avoir à cœur d’aboutir à un large consensus.

Date de publication
05-03-2020

Les maîtres d’ouvrage, lorsqu’ils prévoient de lancer une procédure de mise en concurrence, se tournent d’abord vers un conseiller comme premier interlocuteur. Ce partenaire analysera le projet, s’assurera qu’il est réalisable, que les moyens financiers requis sont disponibles et que le terrain retenu est adapté. Ces clarifications présupposent un examen approfondi : une étude de faisabilité est souvent effectuée pour éclaircir ces questions. Le conseiller doit être en mesure de recommander une marche à suivre à la fois durable, équitable pour toutes les parties impliquées et économiquement avantageuse. C’est pourquoi l’expérience est un critère important : dans l’idéal, les conseillers s’appuient sur leur savoir pratique pour évaluer le type de procédure le plus approprié à une mise en concurrence ciblée.

Défendre une culture du bâti de qualité

L’article 9.2 des règlements SIA 142 Règlement des concours d’architecture et d’ingénierie et SIA 143 Règlement des mandats d’étude parallèles d’architecture et d’ingénierie précise la mission des conseillers. Il fixe des règles pour toutes les parties : il est de sa responsabilité de défendre une culture du bâti exigeante et d’agir avec équité vis-à-vis du maître d’ouvrage et des concurrents. À l’écoute des souhaits du maître d’ouvrage, le conseiller a aussi le devoir d’attirer son attention sur les conditions d’une procédure équitable et de lui fournir des recommandations. En effet, le choix découlant des données du projet, le recyclage de programmes antérieurs ne présente aucun intérêt.

Choisir la procédure

L’analyse du projet doit précéder le choix de la procédure – une tâche qui incombe également au conseiller. Si le projet est exposé de manière à ce que le programme soit défini, le terrain clairement décrit et délimité, l’ensemble des conditions-cadres juridiques éclaircies et toutes les parties prenantes impliquées, le concours peut être lancé en procédure ouverte. En revanche, si la tâche est complexe et exige de l’expérience dans un cas similaire, une sélection des concurrents pourrait être nécessaire, sachant que cela reste plutôt exceptionnel puisque cela réduit l’éventail des propositions. Si une tâche s’avère hautement complexe au regard de la définition du programme, des caractéristiques du périmètre ou du profil de l’organisateur, un mandat d’étude parallèle peut se révéler être une bonne solution. Néanmoins, elle n’est pas sans inconvénients : nombre restreint de solutions, risque de réduction de la diversité des projets.

Un jury axé sur le travail collectif

Le conseiller a également pour responsabilité d’aider le maître d’ouvrage à constituer un jury, une tâche complexe car trouver des jurés aptes à travailler en équipe et dont les affinités se complètent exige beaucoup de doigté. Le jury se compose en priorité de membres professionnels, d’usagers et d’experts. Dans cette composition, le jury peut mener le maître d’ouvrage à la meilleure solution, sans que puissent être soupçonnés des liens d’intérêts relatifs au projet ou de collusion de nature politique. En fonction de la problématique, il peut être fait appel à des experts, lesquels n’ont en revanche pas le droit de vote. Le jury doit clarifier toute éventuelle divergence et le verdict être rendu après avoir obtenu le consensus. Un premier prix devrait toujours être attribué à l’unanimité du jury, ce qui suppose que les jurés professionnels fassent preuve d’écoute et cultivent l’esprit d’équipe.

Une bonne communication

Si la confiance est la clef de voûte de la relation entre jury et maître d’ouvrage, une bonne communication est essentielle au travail d’un jury. Le jury doit se présenter comme un groupe soudé et non comme un ensemble d’individus réunis pour l’occasion. Les experts doivent pouvoir s’exprimer au même titre que les membres professionnels et non-professionnels du jury et il appartient au conseiller, conjointement avec la présidence du jury, de solliciter leur avis. C’est la condition indispensable à un ralliement de tous les acteurs pour la phase de réalisation du projet. De même, le jury doit parler d’une seule voix lorsqu’il s’exprime publiquement et la communication externe doit être menée avec professionnalisme, ce qui facilite la mise en œuvre du projet.

Le suivi dans la phase d’après-concours

À l’issue d’une procédure de concours, le maître d’ouvrage reçoit un projet optimisé sur les plans urbanistique, architectural et économique et suffisamment abouti pour ne pas être trop altéré par des adaptations ultérieures. Des questions relatives à la forme que pourrait revêtir un suivi – au sens d’une sécurisation de la qualité du projet – restent ouvertes. Sur quelle durée une délégation du jury devrait-elle continuer à accompagner le projet ? La délivrance du permis de construire pourrait constituer une bonne échéance, puisque conseillers et jurés assistent aussi le maître de l’ouvrage à cet égard et assument leurs responsabilités au-delà de la phase de concours.

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