Jean Ts­chumi, ar­chi­tecte

exposition

Retour sur l’exposition «Jean Tschumi, architecte», montée à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris du 12 mai au 19 septembre. Cette nouvelle exposition dévoile par ses dessins le parcours et les intérêts de l’architecte suisse romand.

Date de publication
14-09-2021

C’est d’abord une grande ligne de temps qui accueille le public et qui articule, par jalon, le parcours de Jean Tschumi (1904-1962) entre la Suisse et la France. Ses réalisations emblématiques sont autant de points de repères qui permettent de voir son évolution et la précision de son dessin pour une architecture corporate : les laboratoires Sandoz à Orléans (1945-1953), le siège de la Mutuelle Vaudoise Accidents à Lausanne (1951-1956), le siège de Nestlé à Vevey (1956-1960). Cette esthétique, cette exaltation des lignes et des matériaux, il la tient de l’héritage rationaliste d’Auguste Perret, mais aussi du Style international qui s’épanouit alors aux États-Unis et qui marque, dès les années 50, sa production architecturale.

Au-delà de ces icones, on découvre aussi au sein de l’exposition des projets nettement moins connus, comme son projet visionnaire d’Urbanisme souterrain, réalisé en 1937 avec l’architecte Édouard Utudjian pour la ville de Paris – avec ses formidables rampes hélicoïdales d’accès, qui évoluaient sous des dômes de béton. À l’échelle domestique, on y voit aussi quelques-unes des réalisations qu’il a menées en tant qu’architecte décorateur dans les années 1930.

Pour les Lausannois, une série de (re)découvertes intéressantes les attend. On aura peut-être oublié en effet que Jean Tschumi est le premier enseignant de l’école d’architecture de l’EPUL (École Polytechnique Universitaire de Lausanne), l’ancêtre de l’EPFL, dont il réalise le campus (aujourd’hui Haute École Pédagogique). Sur celui-ci est posée l’Aula des Cèdres, splendide voile à double courbure réalisée à la fin des années 1950. Tschumi réalise aussi le dessin d’une tour pour le quartier de Beaulieu – jamais réalisée – ou encore la haute silhouette du silo de Renens.

L’ambition de l’exposition est d’inscrire Jean Tschumi dans la géographie culturelle des architectes d’Après-guerre, qui ont donné ses lettres de noblesse à l’architecture corporate. Les travaux de Tschumi pour l’usine Sandoz, le siège de la Mutuelle, de Nestlé ou de l’OMC sont comparés à des travaux de Perret, Mies van der Rohe ou Marcel Breuer. C’est dans ce contexte-là, international, que l’exposition déroule son récit.

Dès lors, un autre récit est mis au second plan : celui de la relation intime que chacun de ses projets noue avec le grand paysage. Que serait en effet le siège de Nestlé à Vevey sans son rapport à l’horizontalité du Léman, qui met en exergue les trois bras qui le constituent ? Qu’est-ce que la Mutuelle Vaudoise Assurance sans sa perspective plongeante ? Il faut raconter la transparence du lobby, où la pureté de l’horizontalité des lignes encadrent le lac et les montagnes, rompue avec une précision inouïe par un escalier gracile qui dessine une ligne zigzagante sur le panorama.

International mesuré dans l’épure, Tschumi était également un fin observateur des conditions du paysage. L’exposition mériterait donc de venir sur nos rives lémaniques après son séjour parisien, afin de lui offrir un contexte qui souligne la précision du travail de Jean Tschumi, et l’héritage architectural incontesté qu’il lègue à notre région.

 

Jean Tschumi, architecte

 

Exposition – 12.05.2021 au 19.09.2021

 

Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris

 

citedelarchitecture.fr

 

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