Des re­gards du de­hors

13e Biennale d'architecture de Venise

Steve Parnell, Herzog & de Meuron et Diener & Diener

Date de publication
15-10-2012
Revision
19-08-2015

L’exposition internationale doit également, selon les vœux de David Chipperfield, explorer les relations entre les architectes et les médias. Au rez-de-chaussée du pavillon central, une salle est ainsi investie par l’architecte et critique britannique Steve Parnell, auteur d’une thèse sur le rôle de la revue Architectural Design dans la conception architecturale de l’après-guerre1. Sous le titre Playgrounds and Battlegrounds, son installation consiste en un gigantesque trompe-l’œil, qui couvre les murs de présentoirs avec plus de 500 couvertures des magazines Architectural Design, the Architectural Review, Casabella et Domus. Au milieu de l’espace est disposée sur une table une collection d’une centaine d’éditions originales de chaque titre qui peuvent être consultées sur place. Cette présentation très esthétique, « un clin d’œil à la revue en papier à l’ère du numérique », manque néanmoins complètement de relief en dehors du simple renvoi à la thèse de son auteur.
Quant aux interventions de Herzog & de Meuron et de l’architecte paysagiste Günther Vogt, les avis sont – à raison – partagés. Les premiers exposent des articles de presse sur les polémiques autour de la construction de leur Philharmonie de l’Elbe, un véritable gouffre financier. Regard décalé ou mise en scène narcissique ? Allez savoir… Le deuxième, en collaboration avec l’ETH de Zurich et l’Université de Venise, réaménage un ancien kiosque abandonné aux abords de l’Arsenal (fig. 8). Des entretiens réalisés auprès de passants sur leur perception de Venise fournissent une partie du contenu d’un véritable journal, le Republic of Common Ground2, imprimé en 40 000 exemplaires et distribué sur le site. Dans les pages se côtoient des mots croisés, une publicité pour une eau minérale – « San Chiosco – Water of the Common Ground » – et des articles qui font plus « sérieux » sur l’Acqua Alta ou l’histoire des kiosques à Venise.
Enfin, le bureau bâlois Diener & Diener, en collaboration avec Gabriele Basilico, ne se penche certes pas sur les médias, mais choisit également de regarder le phénomène Biennale depuis l’extérieur. En l’occurrence, Roger Diener met en scène l’architecture des Giardini elle-même, à travers une trentaine d’essais sur les pavillons nationaux écrits par des historiens de l’art ou de l’architecture, des artistes ou des philosophes. Les textes, disponibles en anglais sur internet3, sont exposés dans leur langue originale au milieu d’une salle du pavillon central. Appuyés aux murs, des photos des pavillons prises par Gabriele Basilico complètent la présentation (fig. 9). Pour Roger Diener, ces extérieurs et intérieurs en noir et blanc, conjugués à la lecture des essais et, bien sûr, à la visite réelle des Giardini avant ou après, doivent plonger le visiteur « dans une expérience immédiate de l’architecture, dans une analyse simple de ses bases culturelles, c’est-à-dire au cœur de l’architecture comme Common Ground ». 

 

Notes


1 Steve Parnell, Architectural Design, 1954-1972 : The contribution of the architectural magazine to the writing of architectural history, University of Sheffield, janvier 2012
2 Le journal est également disponible sur www.republic-of-common-ground.com
3 Voir www.commonpavilions.com  

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