Cons­truire à Pa­ris et mou­rir

Date de publication
01-04-2014
Revision
10-11-2015

De tous les projets parisiens non réalisés par l’OMA, deux sont entrés dans l’histoire en tant qu’opportunités perdues pour la ville qui les avait rejetés. La grande bibliothèque en 1992 et la reconstruction des Halles de Paris en 2004 sont les principaux rendez-vous manqués entre Rem Koolhaas et la capitale française. La reconversion de l’entrepôt Macdonald semble à même de réparer cette injustice. Paris aura finalement son projet estampillé OMA.

Par où commencer avec cet ancien entrepôt de plus de 600 mètres, situé le long du boulevard périphérique intérieur? En collaboration avec Floris Alkemade, l’OMA a planifié sa transformation en véritable quartier mixte avec logements, bureaux, commerces, activités et infrastructure de transport. Le projet impliquant 15 bureaux d’architectes chargés de lots distincts est emblématique de la dynamique mais aussi des faiblesses du projet urbain dans les grandes villes françaises.

Qui du promoteur ou de l’architecte a eu le dernier mot? Sur ce point, l’entretien accordé par l’architecte-urbaniste Nicolas Michelin est sans concession. Il dépeint un univers où l’affairisme et l’étroitesse d’esprit des professionnels de l’immobilier va non seulement à l’encontre de ce que proposent les architectes, mais aussi de ce que souhaite le commanditaire, à savoir la Ville. 

L’entrepôt présentait une formidable occasion de construire selon une trame atypique des logements généreux. Au lieu de cela, le promoteur a imposé les standards les plus prohibitifs du marché. A ce conservatisme fondé sur la prétendue frilosité des acheteurs, tente de répondre un travail sur l’apparence des bâtiments.

Le principe de départ d’une imbrication complexe du nouveau dans l’ancien, aura finalement été bradé pour une simple superposition agrémentée d’une variation de façades. L’entrepôt Macdonald s’annonçait comme une grande intervention à caractère structuraliste. Il ressemble de plus en plus à un collage postmoderne.

Reste que le projet constitue un cas intéressant de reconversion à grande échelle d’un bâtiment industriel en lieu de travail et de vie. Reste aussi que la diversité architecturale dont témoigne le projet n’est pas sans rapport avec une des toutes premières réflexions de Rem Koolhaas: La ville du globe captif. Une collection de bâtiments posés sur des socles: la variation typologique déconstruite et érigée en principe génératif. La Ville de Paris, en trahissant l’esprit du projet,  aurait-elle rendu possible une variante d’un des monuments de la critique architecturale des années 1970? 

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