On the beach

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Le collectif parisien de chercheuses dédié aux images en mouvement décortique ici le film "On the Beach", de Stanley Kramer. Un film considéré à sa sortie comme cruellement défaitiste, mais sur lequel il faudrait, selon Le Silo, poser un regard neuf.

Date de publication
12-06-2013
Revision
01-09-2015

Du travail cinématographique de Stanley Kramer (1913-2001), producteur et réalisateur américain, on connaît The Defiant Ones (1958) et Look who’s Coming to Dinner (1961), films à message antiracistes avec Sidney Poitier dans les rôles principaux. On connaît peut-être moins bien son film de science fiction post-apocalyptique On the Beach (Le Dernier rivage) de 1959, une adaptation du roman éponyme du britannique Nevil Shute. 
En 1964, une guerre nucléaire provoque la mort de l’humanité. L’Australie est le dernier continent épargné, attendant que les radiations mortelles atteignent l’hémisphère sud de la planète. Devant l’inexorable perspective d’une fin imminente, les hommes et les femmes qui sont encore en vie doivent faire un choix : choisir leur mort, l’attendre ou l’anticiper en accomplissant l’ultime geste de dignité et de liberté encore possible. Les protagonistes de Kramer choisissent tous de se suicider. Pas de happy-end dans cette production hollywoodienne. Aucune solution surgissant ex-machina n’arrête le compte à rebours — et ce malgré l’hypothèse selon laquelle les niveaux de rayonnement pourraient se dissiper en raison de conditions météorologiques hivernales.
Au moment de sa sortie, le film fut considéré comme cruellement défaitiste. Malgré les interprétations magistrales de Gregory Peck et d’Ava Gardner dans les rôles du commandant de sous-marin Dwight Towers et de la désenchantée Moira Davidson, le film n’a pas trouvé son public. Un demi-siècle plus tard, on peut porter un regard différent sur cette œuvre cinématographique dont les qualités formelles furent longtemps subordonnées à son mécanisme rhétorique. Car On the Beach propose des scènes inattendues, notamment grâce à l’esprit d’innovation de Guiseppe Rotunno, qui fut entre autres directeur de la photographie de Rocco et ses Frères de Luchino Visconti (1960) et d’Amarcord de Federico Fellini (1973). 
Loin du didactisme « premier degré » que propose le récit de Kramer, Rotunno se focalise sur l’architecture urbaine. Il filme les villes désertées, dépeuplées mais pas vides. Contrairement à ce qui se passe dans le livre où les villes disparaissent au même titre que les hommes, dans les images que Rotunno filme on location à San Francisco et à Melbourne, l’architecture survit à la catastrophe de l’humanité pour abriter ses cadavres. Lors du dernier voyage d’expédition du sous-marin Sawfish le long de la côte ouest des Etats-Unis, le capitaine et son équipage contemplent à travers le périscope le paysage désolant des villes-cimetières.

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