Une bi­blio­t­hè­que no­ma­de

Ce dispositif simple évoque le fantasme de la bibliothèque dynamique, dont l’ordre pourrait constamment être réactualisé dans l’espace. Il livre également une contribution aussi modeste qu’évidente au problème énoncé dans ce dossier, celui de l’organisation des collections dans l’espace. Faut-il préférer l’ordre alphabétique, chronologique ou géographique? Ou se relier à l’arborescence arbitraire et potentiellement infinie d’une cote décimale ? Réponse ergonomique : l’unité d’une collection est limitée à la charge que peut supporter l’épaule. Histoire de rappeler que l’information a toujours une structure physique, une échelle, un poids.
La solution s’est imposée aux bibliophiles nomades, aux gardiens de phares et aux explorateurs qui emportaient leurs ouvrages dans de grandes caisses. Elle est toujours d’actualité, comme en témoigne le périple de la collection privée d’Andreas Züst, forte de plus de 10 000 volumes, qui a parcouru toute la Suisse en casiers avant de s’établir en 2010 au sommet dans l’ancien hôtel Alpenhof à 1110 m d’altitude.
Notre chroniqueur Pierre Frey en a poursuivi l’architecture, en dotant le casier d’une sangle. «Au 21^e siècle, explique-t-il, personne ne peut se dire intellectuel et prétendre à l’immobilité. Or, déménager une bibliothèque est le pire cauchemar qui soit. Inévitablement l’ensemble, fractal par sa nature, se désorganise. Les repères de l’usager faits d’associations obscures, de choix et de voisinages anciens, se dissolvent dans un chaos désespérant et perdent leurs sens. Cartons à bananes et cabas de commissions sont devenus les unités de transport des livres, cependant que les vins bien nés consolent ceux qui déménagent. De là est née l’idée, prise et reprise, d’hybrider un cabas et une caissette à vin.»

Le dispositif

Le DISPOSITIF (ingénieurial, paysager, architectural, artistique,…) est une construction qui complète et modifie un environnement culturel. Envoyez vos dispositifs à dispositif [at] revue-traces.ch avec mention de la rubrique