Prio­ri­tés stra­té­giques de la SIA: un rap­port in­ter­mé­di­ai­re sur les en­ga­ge­ments cor­po­ra­tifs

En 2017, les délégués de la SIA ont arrêté quatre thématiques prioritaires: culture du bâti, processus d’étude et de réalisation d’ouvrages, énergie et passation des marchés. Un an après, il est temps de dresser un bilan. Quels étaient les buts fixés? Quels résultats la SIA a-t-elle entre-temps atteint? Quelles actions sont encore nécessaires et quels défis faut-il relever?

Publikationsdatum
16-05-2018
Revision
17-05-2018

Qu’il s’agisse d’actions de lobbying, de l’Année du patrimoine culturel ou de «Umsicht-Regards-Sguardi», la culture du bâti a toujours fait partie de l’ADN de la SIA. D’où les multiples activités s’inscrivant dans ce cadre. Mais quels étaient les objectifs expressément formulés ? D’abord et de manière très générale, il s’agissait d’affermir la prise de conscience et les compétences des pouvoirs publics, ainsi que des architectes et des ingénieurs, en faveur de conceptions porteuses d’avenir pour notre cadre de vie. Ensuite, de consolider la position de la SIA comme intervenant politique reconnu en matière de culture du bâti. Or, la Société est aujourd’hui l’interlocuteur principal de la Confédération dans ce domaine et elle participe directement à l’élaboration de la stratégie interdépartementale que cette dernière met sur pied.

En janvier, les ministres de la culture de plus de 30 pays européens se sont réunis en préambule du Forum économique mondial et ont approuvé la Déclaration de Davos – «Vers une culture du bâti de qualité pour l’Europe». La SIA était membre du comité de rédaction international qui a élaboré le texte. Cet acte d’abord symbolique doit maintenant être suivi d’effets. On peut raisonnablement espérer que les cantons, qui président cette année le dialogue culturel national, y intégreront la culture du bâti comme nouvelle thématique.

Avec sa distinction «Regards», la SIA se fait porte-parole du bâti contemporain et invite au dialogue les hautes écoles, ses partenaires et le grand public. Enfin, n’oublions pas la contribution décisive des sections, des groupes professionnels et des sociétés spécialisées de la SIA qui enrichissent l’année européenne du patrimoine culturel 2018 d’une foule de projets et de manifestations organisés dans l’ensemble de la Suisse.

La numérisation chamboule les profils professionnels


La deuxième thématique actuellement stratégique pour la SIA concerne les processus d’étude et de réalisation d’ouvrages. La numérisation est notamment à l’origine de bouleversements des méthodes et des processus jusqu’ici propres à la branche des études pour la construction.

Aussi, la SIA s’est-elle donné pour but de promouvoir la prise de conscience des opportunités et des défis liés à cette mutation, de soutenir la branche face aux changements à venir et de s’établir comme un partenaire fiable dans ce contexte. A cette fin, il s’agit en particulier d’élaborer les outils professionnels adéquats et des soutiens axés sur la pratique.

Par le biais du «Netzwerk Digital», la SIA coordonne ses actions avec les acteurs clés qui veulent s’engager ensemble dans la transition numérique du domaine des études, de la construction et de l’immobilier. Des jalons dans la mise en pratique des objectifs ont déjà été posés avec la publication du cahier technique SIA 2051 «Building Information Modelling (BIM) – Bases pour l’application de la méthode BIM» et de la documentation correspondante.

Ces publications de la SIA ont suscité un intérêt marqué au-delà des frontières, auprès de nos collègues architectes et ingénieurs en Autriche et en Allemagne. La SIA s’est également attelée à la numérisation de sa collection de normes. Enfin, pour aborder une question que la Société et ses membres doivent nécessairement se poser, la SIA a cocommandité à l’Union suisse des professions libérales (USPL) une étude destinée à pointer les impacts majeurs que la numérisation aura sur le profil professionnel des architectes et des ingénieurs.

Un partenaire fiable sur les questions énergétiques


La mise en œuvre de la Stratégie énergétique 2050 et de l’Accord de Paris sur le climat en 2015, de même que des prescriptions harmonisées pour le secteur immobilier et résidentiel figurent parmi les priorités de la SIA. Le domaine « Energie » demeure donc au rang de ses thématiques stratégiques, ce qui implique notamment de sensibiliser à la «construction de demain» et d’en établir les bases, ainsi que les outils pratiques correspondants.

Sur les questions énergétiques et climatiques, la SIA est un partenaire incontournable de la politique fédérale. Le 9 avril, la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national (CEATE-N) a auditionné la SIA sur la révision totale de la loi sur le CO2. S’exprimant aux côtés de constructionsuisse et de suissetec en amont des travaux, la SIA a pu mettre tout son poids dans la balance.

Il reste maintenant à voir dans quelle mesure les arguments avancés seront pris en compte. Comme mesure d’accompagnement, un paquet de mesures communes pour promouvoir les bâtiments décarbonés doit encore être ficelé en 2018.

Un monitoring national des marchés publics en préparation


Dans le domaine des marchés publics, quatrième priorité stratégique de la SIA, le point critique est celui de la passation équitable des mandats. L’objectif premier est de renforcer auprès des maîtres d’ouvrage et des pouvoirs publics la conscience de la valeur intrinsèque de prestations de nature intellectuelle et de promouvoir l’application des procédures adéquates de ce point de vue. Les marchés publics doivent répondre aux exigences d’une passation transparente, efficiente et durable de prestations d’architecture et d’ingénierie.

A ces fins, deux types d’action ont une importance cruciale : primo, l’implication de la SIA dans les travaux de révision de la loi sur les marchés publics (LMP) et, secundo, l’observation détaillée des marchés au niveau national, suivie d’interventions en cas de non-conformité. Associée à l’Alliance pour des marchés publics progressistes (AMPP), la SIA a pu convaincre la Commission de l’économie et des redevances du Conseil national (CER-N) que l’adjudication devait désormais aller à l’offre la plus «avantageuse» plutôt qu’à la plus «économique» et qu’outre la plausibilité de l’offre, la fiabilité du prix devait aussi être impérativement prise en compte dans les critères d’adjudication. Pour la SIA, ces précisions apparemment mineures auront une portée importante et l’on peut parler d’un grand succès.

Quant à la mise sur pied d’un réseau d’observation national des marchés publics – à l’image de modèles existants, tels que l’Observatoire des marchés publics romands (OMPr), dont la création a redéfini le suivi des marchés régionaux – elle se concrétise. De nouveaux observatoires ont déjà été établis à Berne et pour la Suisse du Nord-Ouest et une implantation supplémentaire est imminente pour le Nord-Est. Ces centres de compétence sont portés par des sections SIA et des groupements locaux d’autres associations de concepteurs. Au niveau national, l’initiative de la SIA pour un réseau couvrant l’ensemble du pays est soutenue par la FAS,
la FSAP, l’usic et la FSU.

Mike Siering, arch. ing. dipl. RWTH/SIA, ing. écon. dipl., responsable Communication, directeur suppléant; mike.siering [at] sia.ch
Myriam Barsuglia, ETHZ / MAS urbanisme durable, responsable Politique associative ; myriam.barsuglia [at] sia.ch

 

Magazine