D’Onex à Gen­thod: cir­cuit flu­vial à la ren­con­tre de pro­je­ts d’étu­diant·e·s

La SIA Genève proposait, au début du mois d’octobre, une promenade sur les bords du Rhône à la découverte de structures en bois, réalisées dans le cadre de l’atelier de projet de première année d’architecture de l’EPFL.

Data di pubblicazione
21-10-2021

«C’est une visite à la rencontre d’objets atypiques, plus axée sur la culture de l’enseignement», admet volontiers Didier Collin, président du groupe professionnel des architectes (GPA) de la section genevoise de la SIA. «Habituellement, les visites architecturales de la section sont liées à l’actualité des concours, pour éviter toute accusation de copinage et valoriser ce processus, si spécifique à la Suisse, de mise en compétition», précise celui qui a également mis en scène l’exposition grand public "Le Concours Suisse", accueillie en avril dernier au Pavillon Sicli.

Analyser un territoire, réfléchir sur un site, construire

Le rapprochement avec le travail des étudiant·e·s est l’opportunité, pour les associations professionnelles, de créer des passerelles avec les hautes écoles et les EPF. L’Atelier de la conception et de l’espace (ALICE) de l’EPFL en est l’instigateur. «Cette collaboration avec ALICE est très enrichissante pour nous. Cela nous permet de savoir quelles sont les questions que les jeunes en formation se posent et de les sensibiliser aux enjeux et contraintes auxquels nous, professionnel·le·s, faisons face». Si ce type de projets de microarchitecture aident les étudiant·e·s à déconstruire certains mythes tenaces dans l’inconscient collectif - comme celui du créateur individuel, du génie solitaire –, ils visent également à leur montrer différentes réalités du métier en un laps de temps très court : deux semestres à peine, la phase de construction durant entre un mois et un mois et demi. «Les étudiant·e·s sont amené·e·s à observer le territoire, se mettre en relation avec des sites et populations spécifiques et expérimenter plusieurs postures. Ici, la question de l’auteur·rice est diluée au profit de l’œuvre collective. Chacun·e s’initie ainsi à la problématique du projet architectural et paysager et se découvre des aptitudes pour le travail de groupe. Par exemple, on se rend compte qu’un·e jeune étudiant·e à l’esprit affûté peut également se découvrir une habileté particulière à la scie japonaise», déclare Daniel Zamarbide, co-directeur d’ALICE. Loin d’être à son coup d’essai, ALICE a débuté sa réflexion sur des interventions provenant d’une observation continue du territoire avec le projet "HOUSES", ainsi que sur la capacité de grands groupes d’étudiant·e·s à concevoir et construire ensemble des protostructures en qualité de co-auteur·rice·s en 2015. Depuis 2019, la série "HOUSES" a évolué vers les "GARDENS"  afin de prendre en compte aussi bien l’espace bâti que non-bâti et d’introduire une conception globale d’un projet avec son environnement.»

Ponctuer le territoire genevois

Vues de plus près, certaines de ces interventions comportent des détails constructifs très élaborés. C’est le cas de celle de Vernier, située au Moulin des Frères ou lieu-dit « Au Moulin », un espace à côté d’un parc public très fréquenté ou cohabitent la riche biodiversité des berges et une zone d’habitat collectif. Sur deux étages, les visiteur·euse·s peuvent profiter de différents points de vue sur le fleuve. Lieux de détente et de rencontres, ces aménagements visent à «renforcer ou souligner les caractéristiques ou les impensés d’un territoire», déclare Augustin Clément, directeur de studio chez ALICE. Dans un parc du quartier des Grandes Communes à Onex, on trouvera ainsi une canopée dressée sur des plots en béton. Son objectif? Lutter contre les îlots de chaleur urbains. Certaines installations se transforment aussi en espaces d’exposition en présentant les travaux des étudiant·e·s en photographie du Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV), qui ont suivi le développement des projets. À quelques mètres de la canopée, dans une angularité de la ville, une autre installation met en évidence un passage méconnu menant vers le Bois Carrien, en bordure du Rhône. Des lieux de passage, aujourd’hui investis, puisque l’équipe d’ALICE en charge de la visite nous apprend que désormais des jeunes s’y attardent certains soirs pour passer du temps ensemble. Encore un peu plus loin dans le bois, une plateforme ronde, qui n’attend que le·la flâneur·euse s’en empare à l’occasion d’un pique-nique, dialogue avec le lac. Si ces structures ont été pensées pour être éphémères et démontables sur la base d’un procédé constructif analogue, elles sont toujours en place actuellement.

Projets tests en vue d’aménagements à moyen terme

Cet automne, le Département du Territoire a désigné la ville d’Onex pour devenir un site pilote permettant de tester divers projets urbanistiques, afin d’identifier des lieux d’intérêts pour réaliser un projet innovant, dans l’optique d’en faire un aménagement plus pérenne. Ne reste plus qu’à souhaiter à l’équipe d’ALICE que ses projets soient retenus, de manière à les faire perdurer encore pendant trois ou quatre ans.

Informations

Le programme prévu par les visites architecturales de la SIA Genève est consultable sur: ge.sia.ch