A tout prix

Éditorial du 20/2018

Date de publication
18-10-2018
Revision
19-10-2018

C’est la course aux grands prix, awards, distinctions, mentions spéciales, médailles, lions d’or ou d’argent. Les architectes confirmés, les novices sortis de l’école et les étudiants veulent tous décrocher leur trophée, moment de gloire célébré par le milieu. 

En France et dans l’aire de rayonnement de l’école des Beaux-Arts, pendant plus de deux siècles, le Prix de Rome a été la plus prestigieuse récompense. Depuis sa suppression en 1968, les prix d’architecture se sont multipliés au point qu’il est parfois difficile d’y voir clair. Mais à y regarder de plus près, chacun à leur manière, ils disent quelque chose de l’état de la profession. 

Les années 1970-1980 ont vu la création de prix internationaux importants tels que le Pritzker, l’Aga Khan, le prix de l’Union Internationale des Architectes ou encore le Mies van der Rohe. Ils récompensent les grandes figures de l’architecture. Parallèlement se développent progressivement des prix impulsés par les revues, les collectivités publiques ou les associations professionnelles nationales ou régionales. De qualités inégales, ils contribuent néanmoins à la promotion et à la diffusion de l’architecture auprès du grand public. Depuis quelques années, le marché des prix d’architecture semble rattrapé par les lobbys de la construction. Le Brick Award, le Prix d’architecture Béton et le Prix Acier Suisse en sont quelques exemples. 

Les revues spécialisées participent à cet écosystème complexe de distinctions architecturales. Dans ce numéro de Tracés, tout en gardant une nécessaire distance critique, nous choisissons de traiter cinq prix: le Daylight Award, le prix Lignum, le Seismic Award, le futur SIA Award et la très convoitée Distinction Romande d’Architecture (DRA 4).

Preuve encore de notre implication dans ces prix: le 9 octobre dernier, dans la foulée de la proclamation des lauréats de la DRA 4 au pavillon Sicli, Sabine Nemec-Piguet, directrice générale de l’Office du patrimoine et des sites, et l’architecte Daniel Grataloup ont lancé un nouveau prix, dont nous sommes les partenaires média. Le Prix de Genève pour l’Expérimentation Architecturale a pour ambitieux programme de récompenser «l’audace et la créativité de projets bâtis, en cours ou non réalisés, en Suisse et dans le monde». Ce nouveau venu devra relever le difficile défi d’exister au sein d’un paysage de prix déjà chargé. L’avenir nous dira s’il sera ou non un succès, mais à n’en pas douter, il témoignera lui aussi de l’état (d’esprit) de la profession. A suivre en 2019.

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