Pers­pec­tives stables dans un con­texte tendu

Les bureaux d’architecture et d’ingénierie sont sur des rails solides: les données relevées par le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) confirment les résultats de cet été. Les prévisions pour les six prochains mois se révèlent également positives.

Date de publication
20-11-2024

Les nouvelles sont bonnes: l’enquête conjoncturelle menée par le KOF en octobre 2024 s’inscrit dans la continuité des données relevées en juillet. L’évolution de la demande, des carnets de commande et de la fourniture de prestations est restée stable au cours des trois derniers mois. Concernant leur situation bénéficiaire, les bureaux sont aussi nombreux à faire part d’une amélioration qu’à indiquer une dégradation au cours des trois derniers mois, soit 14%. Depuis juillet, la part de bureaux déplorant une demande trop faible ou un manque de main-d'œuvre a baissé, à respectivement 22% et 49%. Malgré cela, 28 % estiment que leur effectif est encore insuffisant. Point positif, 22% des bureaux affirment ne pas subir d’entraves à leur activité. 

Leurs attentes concernant la marche des affaires des six prochains mois n’ont pas beaucoup changé: 14% espèrent une amélioration, 82% tablent sur un maintien du statu quo et seuls 4 % craignent une dégradation. Les prévisions relatives à la demande, aux effectifs et à la situation bénéficiaire restent stables par rapport à juillet, tandis qu’une amélioration de la fourniture de prestations est attendue au prochain trimestre. Globalement, la branche de l'architecture et de l’ingénierie maintiendra sa politique de prix : 83 % des bureaux ne toucheront pas à leur grille. Seuls 12 % comptent les augmenter, tandis que 4% pensent les baisser.

Les architectes en bonne posture

Bien qu’ils soient toujours satisfaits de leur situation économique, les bureaux d’architecture se montrent légèrement plus réservés quant à l’évolution de la demande et de la fourniture de prestations des trois derniers mois. Par rapport à juillet, ils estiment que la courbe des revenus du dernier trimestre a évolué de manière moins favorable: 18% notent une dégradation, 12% une amélioration. En revanche, leurs perspectives pour les mois à venir s’éclaircissent: ils restent confiants pour ce qui est de la marche de leurs affaires du prochain semestre, et voient à la hausse l’évolution de la fourniture de prestations jusqu’en janvier. 

Demande à la hausse chez les ingénieurs

Si la situation économique des ingénieurs n’a pas évolué depuis juillet, ils se disent toutefois nettement plus satisfaits de l’évolution de la demande, de la fourniture de prestations et de leurs carnets de commande au cours des trois derniers mois. La pénurie de main-d'œuvre persiste, et les effectifs restent nettement inférieurs aux besoins des bureaux d’ingénierie. Ils se montrent légèrement plus réservés au sujet de la marche de leurs affaires, de la demande et de la fourniture de prestations dans les mois à venir. Sur le front des prix, la stabilité est de mise: une très large majorité de 80% estime que les niveaux actuels se maintiendront au trimestre prochain, 16 % des bureaux escomptent une augmentation, 3% une baisse.

L’économie suisse à la traîne

Ces résultats mitigés se reflètent dans l’indicateur de la situation des affaires du KOF, calculé sur la base des enquêtes conjoncturelles. Dans son communiqué paru le 5 novembre, le KOF indique en effet que celui-ci évolue par à-coups. Les entreprises se montrent quelque peu plus réservées concernant l’évolution des affaires au prochain semestre. Le tableau qui se dessine est très hétérogène. Dans l’industrie manufacturière, le commerce de gros, la branche de l’architecture et de l’ingénierie ainsi que dans les services financiers et assurantiels, les perspectives s’assombrissent. Dans l’hôtellerie-restauration, la construction, le commerce de détail et les autres services, elles s’éclaircissent. La dynamique économique est trop faible pour atteindre tous les secteurs, d’où cette disparité qui plombe la relance conclut le KOF. 

Le contexte international n’arrange rien. D’une part, l’Allemagne s’enfonce dans le marasme économique, ce qui ne manquera pas de se répercuter sur la Suisse. Le secteur technologique, dont l’Allemagne est le premier marché, sera particulièrement pénalisé. Ainsi, au troisième trimestre 2024, les exportations outre-Rhin ont déjà reculé de 9% selon l’association Swissmem qui représente cette industrie. D’autre part, l’élection de Trump en tant que 47e président des États-Unis fait trembler les marchés mondiaux. S’il concrétise la politique commerciale protectionniste qu’il a annoncée, les frais douaniers élevés ralentiront le commerce mondial et les économies nationales axées sur l'exportation s’en ressentiront. Le fonds monétaire international (FMI) estime que d’éventuelles guerres commerciales pourraient coûter jusqu’à 7% du produit brut mondial, ce qui correspond aux parts cumulées de l’Allemagne et du Japon. La politique fiscale agressive que Trump entend mener pourrait de plus peser de manière significative sur la dette américaine, ce qui représente un risque supplémentaire pour la santé économique mondiale, notamment parce que cela pourrait miner la confiance dans le dollar américain comme devise de réserve et générer des tensions financières. 

Par le passé, l’économie mondiale a déjà révélé sa capacité d’adaptation face aux soubresauts planétaires. Espérons que ce sera à nouveau le cas, et que la communauté internationale réussira à faire front pour trouver des solutions.

Cet article se fonde sur les données du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’ETH Zurich. Il est complété par l’éclairage économique de l’autrice, Susanne Schnell, spécialiste Communication et affaires publiques/Content Manager SIA (susanne.schnell [at] sia.ch (susanne[dot]schnell[at]sia[dot]ch)).

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