Pa­vil­lon is­raé­lien: Bâ­tir dans un état de crise per­ma­nente

13e Biennale d’architecture de Venise

Date de publication
03-09-2012
Revision
19-08-2015

La guerre du Kippour a ébranlé les fondements sociaux, économiques et politiques d’Israël. L’attaque surprise menée par l’Egypte et la Syrie en octobre 1973, le soutien existentiel apporté par les Etats-Unis, ainsi que l’embargo pétrolier décrété par les membres de l’OPEP et la crise énergétique mondiale qu’il a entraînée ont laissé des traces profondes. Israël est devenu un abcès de fixation de la politique mondiale et un lieu d’affrontement, qui a ouvertement servi d’exutoire aux conflits d’intérêts des superpuissances durant la Guerre froide. Un secrétaire d’État américain a ainsi qualifié Israël d’insubmersible porte-avion des USA dans un environnement hostile. Que ces circonstances aient modifié la perception du territoire, du bâti et de l’architecture n’a rien d’étonnant. Sans oublier l’influence culturelle exercée par l’Oncle Sam comme allié vital. Comme le résument les commissaires d’exposition, Israël a passé d’un socialisme frugal à une société d’hyperconsommation.

L’exposition proposée au pavillon israélien thématise ce bouleversement. L’hypercomplexité des enjeux est abordée par le biais d’une satire acerbe et de trouvailles divertissantes. On s’amusera par exemple du Merchandise Shop, où l’on peut acheter des barils de pétrole vides ou des colonies pliables au format carte postale pour occuper les territoires de son choix. Malheureusement le propos se réduit à la blague. Malgré sa drôlerie, la présentation demeure finalement superficielle et partiale. L’unique cause du mal –  les États-Unis – est identifiée et moquée. Le doute, voire la contradiction, ne sauraient s’immiscer dans le débat, car c’est une équipe soudée par les mêmes opinions qui s’adresse ici à un public acquis. Rien n’illustre les manifestations réelles du dévoiement architectural que l’on déplore. Aucune étude approfondie n’aborde la recherche appliquée à de nouvelles typologies, à des modèles urbains et ouvrages d’infrastructure ou au traitement du patrimoine remontant aux années de fondation. Il n’y a pas davantage de réflexion sur la manière d’évaluer concrètement les résultats spécifiques de la mutation incriminée. C’est d’autant plus regrettable que des contributions beaucoup plus différenciées ont justement été consacrées à ces enjeux au cours des dernières années.

Commissaires d'exposition: Erez Ella, Milana Gitzin-Adiram, Dan Handel
Artistes: Assaf Evron, Fernando Guerra, Florian Holzherr, Nina Pereg, Jan Tichy
Design produits: Tal Erez

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