L’éner­gie des pay­sages en tran­si­tion

Cet automne, les Carnets du paysage apportent une riche réflexion sur des enjeux actuels, ceux de l’énergie et du paysage dans la transition. À la croisée des recherches et des échelles, à la fois géographiques et temporelles du paysage, l’énergie est décortiquée jusqu’à son noyau.

Date de publication
19-12-2019

«Nous vivons dans des sociétés chaudes » annonce sans préambule Jean-Marc Besse dans son éditorial. L’énergie fait partie de nous, un «nous» individuel autant que collectif. Elle est source de notre vitalité pour autant, nous avons recours (majoritairement) à des ressources non renouvelables pour extraire l’énergie supportant nos activités. Cependant, le paysage ne reflète pas d’une dynamique binaire que l’on pourrait extraire de bien des discours sur le changement climatique. En effet, certaines rhétoriques visuelles, comme l’ours blanc sur la banquise, travaillées dans le sens d’une mise en scène des désastres climatiques opposées à une irresponsabilité des comportements humains en sont un exemple. Au contraire, l’aperçu des pratiques localisées et des réflexions exprime « la diversité des modes de présence de l’énergie», selon la quatrième de couverture.

«Territoires», «formes» et «traversées» sont les séquences, dans ce carnet, qui éprouvent les controverses sur notre stabilité énergétique. On y trouve les récits de trajectoires énergétiques où sont décrits les réseaux par lesquels transitent le pétrole, l’énergie éolienne et hydroélectrique, qui remodèlent jusqu’à, parfois, faire mentir ou sublimer les formes du paysage. À rebours, certains territoires, comme celui du nucléaire ou d’un îlot urbain vétuste deviennent des formes hybrides, car leur complexité technique nécessite un investissement intellectuel pour donner sens à leur devenir. L’observation ténue des éléments de notre environnement, comme le monde végétal, informe et positionne également, un autre enjeu : celui de nous considérer comme partie de cet écosystème et non en marge. Ainsi, le leitmotiv de ce Carnet du paysage est de nous maintenir en mouvement et de nous inciter à nous projeter grâce à des contributions théoriques, qui dépassent les discours sur l’entropie de notre système économique face au changement climatique.

Les contributions travaillent explicitement dans le sens d’une pluralité paysagère qui ne demande qu’à s’affirmer dans son rapport à l’environnement bâti, aux technologies, aux cycles de production et leurs impacts, etc. Il s’agit d’oser l’expérience dont les contributions de ce numéro des Carnets du paysage témoignent et de poursuivre ce basculement, vers d’autres exemples d’investissements en matière de transition énergétique.

Les Carnets du paysage n°36

Édition Actes Sud Nature, coédition École Nationale Supérieure du Paysage

Automne 2019

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