In­cur­sion en ter­ra­tec­ture

Date de publication
25-04-2024

À l’occasion de son cinquantième anniversaire, le musée horloger de la Chaux-de-Fonds s’offre un Guide d’art et d’histoire de la Suisse SHAS. Rédigé par l’historienne de l’architecture Nadja Maillard, l’ouvrage documente enfin l’œuvre majeure de Georges-Jacques Haefeli et de Pierre Zoelly, l’un des architectes les plus emblématiques et mystérieux du brutalisme helvétique des années 1970. Zoelly était conscient des limites planétaires, selon l’autrice. Son approche (qu’il appelle «terratecture») emploie les techniques du génie civil (tranchée couverte) pour créer des espaces troglodytes, entre grotte et construction. Elle visait la discrétion, l’humilité et la préservation de l’existant, la construction hors-sol étant la cause «d’un pillage irréparable du sol». Cette préoccupation se retrouve ailleurs, au Musée gallo-romain de Lyon (Bernard Zehrfuss, 1972) ou à la Stadtgalerie de Stuttgart (James Stirling, 1977). 

À la Chaux-de-Fonds, l’insertion souterraine permet de conserver le très prisé parc Courvoisier. Les architectes développent une spatialité sombre, fluide, qui se faufile entre les racines des grands arbres et les fondations du Musée d’histoire. Le Guide SHAS livre également le récit de la conception des somptueuses vitrines, suspendues comme des stalactites ou émergentes comme des stalagmites, et dont la fragilité contraste avec la pesanteur de l’imposante structure en béton brut.

Nadja Maillard, Le Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds. Guides d’art et d’histoire de la Suisse n° 1130. Société d’histoire de l’art en Suisse SHAS, mars 2024

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