Creu­ser le sil­lon de la culture

Le professeur de théorie de l'architecture à l'EPFL signe un article coup de cœur, en hommage à la revue AS – Architecture Suisse qui fête sa 41e année de parution ininterrompue et son 190e numéro.

Date de publication
16-01-2014
Revision
13-10-2015

Persévérance, ténacité mais aussi affection pour les architectes, dévouement à la culture architecturale et artistique et, enfin, un enthousiasme infaillible : ce sont les mots qui me viennent à l’esprit quand je pense à l’effort de Maria Teresa Krafft-Gloria pour assumer, depuis 1991, l’édition régulière de la revue AS – Architecture Suisse, et assurer ainsi sa pérennité.
Fondée il y a 41 ans par feu son mari, Anthony Krafft – un véritable pionnier de la publication en architecture, ami de Tadao Ando, Giovanni Michelucci, Claude Parent, Gio Ponti, Alberto Sartoris (et de tant d’autres) – cette revue détonne dans le panorama médiatique actuel : ici, pas d’images de synthèse 3D en couleur, pas de mise en page flamboyante, pas d’effets graphiques particuliers.
AS se décline dans une efficace simplicité : des fiches techniques en format A4 et en noir et blanc, illustrant des objets architecturaux à travers leur représentation la plus essentielle ; des fiches conçues pour être classées et constituer ansi une documentation pouvant être thématisée ou organisée de façon chronologique. Cette documentation éclectique témoigne, certes, du volontaire éloignement d’une posture de tendance, mais constitue cependant une source d’information précieuse et un champ de recherche indéniable.
Au moment de la parution du numéro 190 – un chiffre qui atteste sans conteste de la durée – remémorons-nous les très beaux mots de Claude Parent (AS 160) en hommage à l’action de critique d’Anthony Krafft : « Ecrire sur l’architecture, c’est aussi prendre date, fixer dans le temps la naissance d’une idée et accompagner son développement. Mais au-delà d’identifier et dater, l’édition sert à diffuser, à faire connaître aux autres les témoignages d’une recherche particulière afin de lui permettre de rencontrer, à travers le monde, les architectes qui, sans se connaître, creusent les mêmes sillons de la culture. » Tant les architectes dont les œuvres sont publiées que, d’une façon générale, les lecteurs de l’AS pourront certainement adhérer à cette vision des choses.
Ouverte notamment à d’autres champs disciplinaires, en phase avec des préoccupations actuelles de la société et avec la dimension souvent artistique des œuvres architecturales, AS se renouvelle dans la continuité. Pourtant, comme son « ancêtre », la revue Architecture, Forme et Fonctions, créée en 1956, elle poursuit un objectif identique : celui d’élargir le champ des connaissances à tous, sans distinction mais de façon méthodique, en « creusant le sillon de la culture » architecturale contemporaine suisse.

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