As­sem­blée des dé­lé­gués SIA 2015 : Ren­for­cer les groupes pro­fes­sion­nels

Validation par les délégués de la politique et des thèmes stratégiques de la SIA. Discussions sur la « Charte Honoraires équitables » et sur le rôle des groupes professionnels. Election de l’architecte Sacha Menz au comité de la SIA.
 

Date de publication
31-08-2015
Revision
13-01-2016

« L’Assemblée des délégués à Genève ? Jusqu’à Genève ? » Les délégués de la SIA ont réservé un accueil très mitigé au choix du lieu de réunion, quand ils ont constaté qu’ils devraient cette année se déplacer à l’extrémité ouest de la Suisse. Mais le jour venu, même les plus sceptiques n’avaient plus aucun doute. Un ciel printanier d’un bleu resplendissant s’était déployé sur Genève, la métropole cosmopolite aux 170 nationalités pour tout juste 200 000 habitants. Situé au huitième étage de la Fédération des Entreprises Romandes Genève, le restaurant réunissant les participants pour l’apéritif avant l’assemblée offrait une vue époustouflante sur la ville, le vaste lac et les chaînes de montagnes limitrophes, dont une partie se situe en France. Les délégués ont ensuite été récompensés par un exposé passionnant d’Isabel Girault : la directrice de l’Office cantonal de l’aménagement du territoire a commenté les enjeux et les projets d’aménagement du territoire prévus dans l’agglomération. On n’aurait pu imaginer réunion plus stimulante. 

Le volet officiel a débuté avec la présentation, par Stefan Cadosch, du rapport annuel d’activités du bureau pour 2014-2015. Daniele Biaggi a commenté les comptes annuels 2014 (budget total : 13,8 millions de francs), qui se sont soldés par un bénéfice de 80 000 francs. Dans les deux cas, le rapport a été approuvé à l’unanimité. En 2015, le budget opérationnel de la SIA (13,6 millions) est inférieur de 200 000 francs à l’année dernière, une baisse avant tout liée au report de projets de normes. Le budget 2015 a lui aussi été adopté sans aucune opposition.

Subitement, l’émotion était au rendez-vous

Les délégués avaient encore la tête bourdonnante des chiffres rapportés par Daniele Biaggi et Daniel Röschli (responsable financier) quand, tout à coup, une chanteuse aux cheveux sombres et aux yeux pétillants s’est levée dans la salle. Personne ne l’avait vue venir. Soudain, l’émotion était au rendez-vous, très sonore, mais dans le sens le plus agréable qui soit. Eva Maria Enderlin, chanteuse et comédienne zurichoise, a entonné un chant d’adieu : intitulée Andrea, sa première chanson évoquait Andrea Deplazes, membre sortant du comité de la SIA. Sans effort et presque sans utiliser le microphone, sa voix a rempli la salle, accompagnée uniquement d’un guitariste. D’abord étonnés, puis ravis, les délégués ont écouté attentivement. Andrea Deplazes était visiblement ému de cet hommage. La chanteuse a commencé en allemand, puis est passée à l’italien, choisissant le classique air napolitain O sole mio. Le troisième morceau, français celui-là, s’intitulait Puisque tu pars. Empreint de charme, il signifiait de façon très claire à Andrea Deplazes que la SIA ne le laissait pas partir de bon cœur, après douze années passées au sein du comité. « Andrea est irremplaçable », a déclaré le président Stefan Cadosch, brossant le portrait de l’éminent architecte et professeur : la créativité, la curiosité et l’indépendance intellectuelle de ce « penseur à l’affût » sont, selon lui, trop grandes. L’assemblée a approuvé à l’unanimité la demande du comité de nommer Andrea Deplazes membre d’honneur de la SIA. 

L’ingénieur civil Nicolas Kosticzs a lui aussi été désigné membre d’honneur, après presque cinquante ans d’affiliation et presque autant de temps à œuvrer pour l’association. Fils d’une mère suisse et d’un père hongrois, il a fait partie du comité de la SIA pendant dix ans et est, depuis plus de vingt ans, membre du Conseil suisse d’honneur, une fonction certes honorifique, mais pas toujours très agréable. Organe d’arbitrage extrajudiciaire, la commission doit en effet vérifier si les membres de la profession ont enfreint ou non leur obligation professionnelle de diligence.

Un nouveau membre au comité : Sacha Menz

Une tâche très familière aussi pour le successeur d’Andrea Deplazes au comité, l’architecte et professeur zurichois Sacha Menz. Outre son activité d’architecte, Sacha Menz exerce depuis de nombreuses années en qualité d’expert devant les tribunaux lors de litiges entre maîtres d’ouvrage et architectes sur des vices de construction. En 2013, il a fait paraître un manuel consacré à ce thème, Mängel im Hochbau. Comme si cela ne suffisait pas, il se consacre à la recherche et enseigne les différentes phases et exigences du processus de construction à l’Institut de technologie et d’architecture (ITA) de l’EPFZ. Mieux que quiconque, il tisse ainsi le lien entre aménagement architectural et mise en œuvre concrète de la planification. Il connaît aussi bien le point de vue du maître d’ouvrage que celui de l’architecte concepteur. On ne saurait imaginer meilleur expert pour incarner le rôle d’intermédiaire, indispensable au sein de la SIA, entre bureaux d’études et public. 

Thème stratégique « Processus de planification et de construction »

Stefan Cadosch a présenté ce Viennois d’origine, président de la section SIA Zurich de 2005 à 2011, par ces mots : « Il est tout sauf consensuel, mais nous avons besoin de ce genre de personnes au comité. La SIA n’est pas un endroit où l’on se caresse dans le sens du poil. De temps en temps, l’association est secouée par des débats contradictoires. » Sacha Menz a été élu à l’unanimité au comité. Son profil professionnel a convaincu les délégués d’entériner la proposition du comité de faire du « processus de planification et de construction » un nouveau thème stratégique de la SIA. Il vient remplacer la « culture du bâti » qui restera l’un des centres d’intérêt. Mais une étape importante a été franchie avec l’ancrage de la construction contemporaine dans le Message culture à venir de la Confédération. Le comité a approuvé les quatre autres domaines pour deux années de plus. Les comités et les responsables techniques du bureau SIA ont ensuite présenté les activités en cours : le projet « Avenir du patrimoine construit en Suisse » en coopération avec l’EPFZ, la section « Etranger » nouvellement constituée pour les membres de la SIA étrangers ou actifs hors frontières et, pour finir, la « Charte Honoraires équitables pour des prestations qualifiées ». En accord avec pas moins de dix associations d’ingénieurs et d’architectes (un « tour de force » selon Stefan Cadosch), cette charte a été élaborée et envoyée par la SIA à ses membres pour signature. Depuis, le bureau a reçu près de 2500 exemplaires signés. Les lettres qui les accompagnaient évoquent les taux horaires de 50 francs, les donneurs d’ordre publics qui font baisser les honoraires, mais aussi les échos positifs à l’égard de l’engagement de la SIA. 

« Nous avons dissuadé nos membres de signer la Charte »

Nadine Couderq, présidente de la section SIA Genève, a cependant estimé que la Charte n’allait pas assez loin. Elle a déclaré sans ambages : « Le comité de la section Genève a décidé de ne pas signer la Charte et en a informé ses membres ». Selon elle, le comité en a longuement discuté et est arrivé à la conclusion qu’un simple appel n’allait pas assez loin, dans le fond comme dans la forme. L’objectif visé est une protection clairement renforcée de la profession, comme, par exemple, une loi sur les architectes. « Ici à Genève, nous subissons la forte pression des prestataires de l’UE (France) qui se bousculent dans le canton », a-t-elle ajouté pour justifier cette décision. Stefan Cadosch avait déjà abordé le sujet dans la matinée, regrettant la décision du comité de la section, tout en comprenant la problématique : « Nous avons compris votre message ! » Le président et le comité ont par conséquent l’intention, avec le conseil d’experts SIA pour la passation des marchés et les sections, d’aborder ce thème en 2015 dans les régions périphériques et, le cas échéant, sur le plan politique. 

Le comité a également dressé un bilan critique de la structure modifiée de la SIA, mise en vigueur par l’AD en novembre 2012. Dans son rapport, il conclut sur une note positive : les adaptations d’ordre organisationnel ont fait leurs preuves et contribué à un impact et une efficacité accrus de l’association. Toutefois, le comité juge que les groupes professionnels n’auraient pas encore atteint l’envergure souhaitée qui ferait d’eux un « sparring partner » puissant, représentant les disciplines, pour le comité et l’ensemble de la SIA. Michael Schmid (BGA), Fritz Zollinger (BGU) et Jobst Willers (BGT), présidents des groupes professionnels, ont expliqué eux aussi qu’ils n’étaient pas encore satisfaits de la situation.

Dans son allocution de début d’AD, Stefan Cadosch a pris position sans équivoque en faveur des groupes professionnels, sans lesquels, selon lui, la SIA ne fonctionnerait pas. Le comité cherche donc avec eux des moyens d’améliorer la situation. Les groupes professionnels ont demandé que le comité montre dans un délai de six mois comment il entend s’attaquer aux lacunes encore existantes. Les délégués ont approuvé cette proposition. Intégrée dans une évaluation globale sur la structure de l’association, la fonctionnalité des groupes professionnels sera analysée avec l’aide de conseillers externes et reconsidérée dans deux ans.

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