Deux vil­les pro­duc­ti­ves au pa­tri­moi­ne mon­di­al de­puis dix ans

Publikationsdatum
13-05-2019

En 2019, La Chaux-de-Fonds et Le Locle fêtent leur dixième année d’inscription au patrimoine mondial de l’humanité, décidée le 27 juin 2009 par l’UNESCO. Au programme : visites patrimoniales, expositions, balades, mais surtout une véritable fête populaire, afin de revivre les scènes de liesse qu’avaient connues alors les deux villes. Assez inattendue, la décision avait en effet créé la surprise, raconte Daniel Clerc, alors architecte communal de La Chaux-de-Fonds et membre de la commission en charge du dossier. Le patrimoine industriel était alors peu reconnu et les initiants avaient travaillé à la promotion d’un patrimoine original, situé à mi-­chemin entre bâti et savoir-faire : l’urbanisme horloger.

Après l’incendie survenu en 1794, La Chaux-de-Fonds est reconstruite en s’alignant sur le plan d’extension proposé par Charles-Henri Junod et adopté en 1841 ; un plan rationnel, en damier, conçu pour répondre à l’industrie horlogère qui occupe la région. Silencieuse, non polluante, manipulant des pièces légères, celle-ci se prête à une intrication fine entre habitat et travail artisanal, de son carroyage aux dimensions réduites jusqu’aux formes des immeubles, qui abritent les ateliers généralement au rez-de-chaussée ou dans l’attique. Si la largeur des rues favorise un ensoleillement optimal, elle permet également de stocker sur ses côtés les paquets de neige, afin de garantir en tout temps le passage continu des commis qui livrent les pièces des mouvements. La ville toute entière devient une grande machine de production. Karl Marx écrit dans Le Capital (1867) : «La Chaux-de-Fonds, que l’on peut voir comme une manufacture unique (die einzige Uhrenmanufaktur) livre annuellement deux fois plus de montres que Genève.» À la veille de la Première Guerre mondiale, ce sont près de 55% de la production mondiale de montres qui proviennent de La Chaux-de-Fonds (voir le dossier pédagogique conçu par Jean-Daniel Jeanneret en 2009, consultable sur le site urbanisme-horloger.ch). La moitié de la population, qui atteint près de 40 000 habitants, est alors directement ou indirectement liée à l’industrie horlogère.

Les patrons mettent un soin tout particulier à décorer ces maisons: vitraux Art nouveau, ferronneries, moulures, etc., un milieu devant favoriser la création de modèles élégants. C’est dans ce contexte que naît l’école des arts appliqués dirigée par L’Eplattenier, dans laquelle étudie Charles-édouard Jeanneret, obsédé de machines et par la dictature du plan.

Aujourd’hui, les marques produisant des montres très haut de gamme perpétuent cette tradition. Même si les nouvelles usines sont construites en dehors du périmètre du plan d’extension, l’on trouve encore des ateliers occupés par deux ou trois artisans dans les maisons locatives de La Chaux-de-Fonds, spécialisés dans des mouvements d’un extrême raffinement. Après la crise de la branche, les deux villes productives démontrent qu’elles peuvent encore s’adapter et leur patrimoine reste d’actualité.

10e UNESCO – 2019
La Chaux-de-Fonds / Le Locle

 

Du 27 au 30 juin
Performances, projections, concert et balades
Programme complet des manifestations, tout au long de l’année :
urbanisme-horloger.ch

Verwandte Beiträge