Mihail Ama­riei, immeub­le ré­si­dentiel de la via Gi­a­co­mo Riz­zi à Mend­ri­sio

Achevé à l’automne 2016, le premier ouvrage de Mihail Amariei est un immeuble résidentiel situé via Giacomo Rizzi à Mendrisio, à quelques pas du centre historique et de l’Accademia di architettura. Premier épisode d'une série d'articles sur la jeune garde tessinoise.

Publikationsdatum
17-08-2017
Revision
17-08-2017

Mihail Amariei, de la Roumanie au Tessin

Mihail Amariei est né à Piatra Neamt, dans la région historique de Moldavie, en Roumanie. Après une première année d’études à l’institut Ion Mincu de Bucarest, il bénéficie d’une bourse pour l’école que vient tout juste de fonder Mario Botta dans le Tessin, l’Accademia di architettura di Mendrisio. Une école humaniste et expérimentale, caractérisée par la présence de personnalités importantes et par un lien fort au territoire. Nous sommes en 1996 et, dès lors, l’expérience professionnelle et personnelle de Mihail Amariei épouse l’histoire de l’Académie.

Mihail Amariei décide de rester au Tessin, suit les cours de projet architectural et accomplit un stage au sein du bureau de Bruno Keller à Lugano. Après avoir obtenu son diplôme en 2002, il travaille à l’agence d’architecture grisonne Bearth & Deplazes et participe en tant que collaborateur au projet de concours pour le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone, remporté et réalisé par les bureaux Bearth & Deplazes et Durisch+Nolli. En parallèle, Mihail Amariei occupe le poste d’assistant à la chaire du professeur Valentin Bearth à l’Académie, et publie l’ouvrage Microcosmi, qui illustre l’activité didactique de l’atelier de projet durant la période 2004-2012.

Premier ouvrage: l’immeuble résidentiel de la via Giacomo Rizzi (Mendrisio)

Achevé à l’automne 2016, le premier ouvrage de Mihail Amariei est un immeuble résidentiel situé via Giacomo Rizzi à Mendrisio, à quelques pas du centre historique et de l’Accademia di Architettura. Constituée à l’origine de maisons isolées avec jardins, la zone est aujourd’hui soumise à une révision rapide, basée sur de nouveaux critères de densification fixés par le plan d’urbanisme communal.

Inséré dans ce contexte de transformation, l’immeuble d’habitation ressemble à un bloc compact de béton, exempt de tout théâtralisme formel. Les ouvertures profondes et régulières des fenêtres ainsi que l’articulation des renfoncements des loggias dans les angles assurent la solidité du volume et l’enracinent au sol. Un corps minéral qui semble faire partie d’un paysage antérieur aux constructions récentes qui l’entourent.

Mihail Amariei interroge le sens d’un bâtiment dans une situation urbaine spécifique. Le nouveau volume exploite les possibilités offertes par sa position ouverte sur quatre côtés sans hiérarchie apparente, revêtant ainsi le caractère d’une villa. Le vocabulaire est familier, mais l’expression dépasse toute connotation culturelle spécifique: l’utilisation du béton apparent typique de l’architecture du Tessin, la composition abstraite des façades et la précision des détails de construction confèrent à l’immeuble un caractère autonome que traduit bien le terme allemand de «Selbständigkeit».

L’intensité expressive de la construction ne réside pas dans l’originalité et l’aspect spectaculaire des espaces et des volumes, mais naît de la tension entre le caractère traditionnel du programme et la dimension artistique d’objet spécifique. En 1965, Donald Judd définissait l’objet spécifique comme une œuvre en trois dimensions, qui ne relève ni de la peinture ni de la sculpture. «Dans le contexte tridimensionnel, l’ensemble de l’œuvre est réalisé suivant des buts complexes, qui ne sont pas dispersés, mais réaffirmés par une seule forme. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait un grand nombre d’éléments à regarder, à comparer, à analyser un à un, à contempler. Ce qui est intéressant, c’est la chose en soi, sa qualité d’objet à part entière. Les choses essentielles sont des entités unitaires et très intenses, claires et puissantes.»

Développé sur quatre niveaux, l’immeuble accueille un bureau et 14 appartements d’une superficie variant entre 50 et 85 m2. Les logements sont distribués sur tous les niveaux et occupent chacun un angle de du bâtiment suivant un principe commun de composition spatiale. Tous possèdent une loggia extérieure située devant la baie principale du séjour. Dans ce contexte de densité d’habitation élevée, l’emplacement des ouvertures est conçu de façon à pondérer la distance avec les immeubles voisins et offrir des échappées sur le lointain, garantissant ainsi un degré d’intimité étonnant à l’intérieur des pièces.

Creusées dans la surface en béton et encadrées par des huisseries identiques en bois d’iroko posées au nu intérieur des murs, les fenêtres ont des dimensions généreuses par rapport aux standards actuels. Le renforcement de l’épaisseur des murs au niveau des ouvertures accroît l’impression de masse excavée et permet également de cacher les stores extérieurs occultants.

Pour sa première réalisation, Mihail Amariei livre une contribution intéressante à l’architecture résidentielle du Tessin. Le soin apporté à la composition et la qualité de la construction fondent l’esprit de cet édifice capable de répondre par des éléments traditionnels aux exigences pratiques de la vie quotidienne et au désir de retrouver une intimité naturelle à l’intérieur des logements.

Intervenants

Architecture
Mihail Amariei, architetto dipl. USI/AAM OTIA | Casamica Sagl, Mendrisio

 

Génie civil
Studio di ingegneria Roberto Mondada, Balerna

 

Physique du bâtiment
Ing. Luca Pietro Gattoni, Balerna

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