Arbre à chat
Le Dernier Mot d'Eugène
Arbre à chat
Mon chat adore rendre hommage au tissu vert pomme de mon canapé à grands coups de griffes. Je décide d’acheter une de ces petites colonnes autour de laquelle une grosse corde de chanvre a été enroulée, pour que mon chat s’y passe les nerfs. Je pousse donc la porte d’un magasin pour animaux de compagnie et là, je débarque en pleine science-fiction.
Des constructions savantes avec passerelles et plate-forme se suivent à perte de vue. Certaines sont dotées de niches de diverses tailles en feuille de banane. « Un matériau en pleine redécouverte », me précise la vendeuse. D’autres culminent à 2,4 mètres.
« Evidemment, mieux vaut avoir des plafonds hauts », sourit la vendeuse. Les cabanes dans les arbres à chat s’empilent les unes sur les autres. Ce n’est plus un magasin, c’est un village pour un peuple d’architectes.
La vendeuse me montre alors le chef d’œuvre de son assortiment. Elle me fait le tour du propriétaire avec un trémolo dans la voix : « Véritable château, cet arbre à chat dispose de tourelles de jeu et dun large escalier dentrée. Ses plates-formes, disposées de part et dautre du château, servent descaliers pour monter à la plus haute tour, mais invitent également votre compagnon à faire une courte pause pour reprendre son souffle ou se reposer plus longuement.
Sil ne dirige pas son royaume depuis les créneaux, votre compagnon pourra toujours choisir une salle de trône digne de ce nom parmi les trois niches quoffre la tour principale du château. Les échelons de lescalier, comme de nombreux troncs en sisal, lui permettront dentretenir ses griffes royales. »
Je suis bouche bée. Surtout en découvrant le prix, que la décence la plus élémentaire m’interdit de vous révéler en cette période de crise mondiale. Malgré le regard culpabilisant de la vendeuse, je repars quand même avec ma bête colonne autour de la laquelle une corde de chanvre a été enroulée.
Mon canapé est sauvé. Le genre humain, c’est moins sûr.