La voix des mé­tiers de la con­cep­tion est at­ten­due

L’Assemblée des délégués de la SIA s’est tenue le 9 mai dernier à Coire, conduite pour la première fois par la présidente de l’association, Susanne Zenker. Elle nous livre ses réflexions sur les jalons posés lors de cette journée et tire le bilan de cette rencontre majeure.

Date de publication
22-05-2025

Le 9 mai 2025, quelque 70 délégués SIA venus de toute la Suisse ont convergé à Coire pour prendre part à leur assemblée annuelle. Pour la première fois depuis son entrée en fonction, la présidente Susanne Zenker a piloté l’événement. Dans son allocution, elle est revenue sur une année ponctuée par divers accomplissements, tels que la publication du cahier technique SIA 2065 « Planifier et construire en alliances de projet » et de la norme SIA 390/1 «La voie du climat – Bilan des gaz à effet de serre sur le cycle de vie des bâtiments» ou encore la remise du Prix Master Architecture et du premier Prix SIA. Au-delà de ces belles réussites, elle n’a pas manqué de souligner la nécessité de faire évoluer la SIA pour mieux relever les défis sur le long terme. 

Madame Zenker, cela fait un an que vous avez pris les rênes de la SIA. L’image que vous en aviez s’est-elle confirmée?
Susanne Zenker: Oui, absolument. Les compétences de ses membres font de la SIA un très riche bassin de savoirs. Les professionnels qui siègent au sein de ses organes, qui travaillent au Bureau, mes collègues du Comité: tous s’engagent avec détermination pour faire avancer notre association. Ce n’est pas sans raison si la SIA s’est imposée comme l’association professionnelle de référence de la branche de l’architecture et de l’ingénierie. Toutefois, j’ai dès mes débuts constaté qu’il y a un potentiel d’optimisation au niveau de la collaboration.

Qu’est-ce qui vous a marquée durant cette première année à la tête de la SIA?
J’ai pris conscience du poids de la voix de la SIA. Nous sommes consultés sur de nombreux sujets qui n’ont a priori pas grand-chose à voir avec notre activité première. Or, ceci va dans le sens de notre vision – «créer ensemble un cadre de vie durable», car notre cadre de vie est un enjeu sociétal. Donc, il est attendu que les métiers de la conception prennent part au débat politique. Avec plus de 16 000 membres issus de différentes disciplines et la diversité d’opinions qui en résulte, le défi pour la SIA est de faire émerger une voix commune. Pour ce faire, nous devons mettre en place un processus de consolidation pour définir un positionnement rassembleur, tout en intégrant les spécificités liées aux différents métiers que nous représentons. Pour être entendue au niveau sociétal, notre branche doit parler d’une seule voix, claire et unie.

Les délégués ont approuvé le Plan d’action pour le climat, l’énergie et les ressources de la SIA et ont endossé l’objectif zéro émission nette pour les nouvelles constructions et les bâtiments en exploitation d’ici à 2040. L’objectif du plan d’action est, entre autres, de parvenir le plus rapidement possible à contenir la montée des températures. Qu’est-ce qui caractérise la réussite de ce projet?
Le plan d’action illustre parfaitement la manière dont la SIA combine des savoirs interdisciplinaires pour définir des mesures qui contribuent à la création commune d’un cadre de vie durable. J’apprécie particulièrement que le plan d’action rassemble des instruments grâce auxquels tant les membres à leur échelle individuelle que la branche dans son ensemble peuvent atteindre les objectifs fixés. Si les termes de la mission sont clairs – nous devons freiner le réchauffement climatique –, la mise en œuvre concrète l’est parfois moins pour nos membres. Le plan d’action leur fournit à la fois des outils concrets pour faire la différence sur le terrain et des arguments pour convaincre les maîtres de l’ouvrage, afin d’instaurer de nouveaux modes de pensée sur le long terme.

La SIA a-t-elle prévu de réaliser d’autres projets menés selon une approche interdisciplinaire? 
L’année passée, la SIA a défini, dans le cadre d’un processus participatif, un concept de collaboration axée sur les projets. Cette proposition a été validée par l’Assemblée des délégués. Le principe : nous sommes beaucoup plus efficaces si nous concentrons tous nos efforts et toute notre expertise sur un même objectif. L’idée est donc de mettre en place des organisations de projet temporaires qui rassemblent tous les savoirs nécessaires. Ceci permet à la SIA d’employer ses ressources financières et humaines de manière plus ciblée et de rapprocher les personnes qui œuvrent au sein de ses organes. Celles et ceux qui s’engagent bénévolement pour l’association doivent pouvoir mesurer les effets concrets de leur action. Je suis convaincue qu’avec cette approche, nous allons dans la bonne direction.

Les délégués ont élu Matthias Gmür, Harry Gugger et Michael Roth au sein du Comité SIA. Qu’attendez-vous de cette nouvelle composition?
Pour réussir dans cette branche de plus en plus concurrentielle, il faut - en plus des compétences professionnelles indispensables - être doté d’un esprit entrepreneurial. En effet, de nombreux membres SIA sont également à la tête de leur propre bureau. Du fait de leur expérience de fondateur, partenaire ou copropriétaire d’une entreprise, les nouveaux membres du Comité connaissent ces réalités. De plus, avec Matthias Gmür et Harry Gugger, la fourchette des âges s’élargit, puisqu’ils sont respectivement le plus jeune et le plus âgé. Ils enrichiront le Comité de leurs expériences spécifiques et pourront apporter de nouvelles impulsions. Le travail au sein du Comité s’annonce passionnant. Je me réjouis!

L’autorisation de publication des règlements SIA 142 des concours et SIA 143 des mandats d’étude parallèles marque l’achèvement d’un important projet de révision. Les nouvelles moutures entreront en vigueur au 1er août. Quelle est la pertinence sociétale de ces textes?
Ils présentent les processus à mettre en place dans le cadre d’une procédure de mise en concurrence et incitent ainsi à favoriser par le discours des résultats qualitatifs. Ces deux règlements posent ainsi les bases d’une culture du bâti de qualité, d’où l’importance qu’ils revêtent au niveau sociétal.

À propos de règlements : un nouveau président a été élu à la tête de la Commission centrale des règlements (ZO), qui planche actuellement sur la révision des règlements concernant les prestations et les honoraires (RPH).
L’élection de Clemens Blum, qui est architecte et vient de Lausanne, à la tête de la ZO est une excellente nouvelle. D’une part, il contribuera à représenter la diversité linguistique du pays au sein de nos organes. D’autre part, il connaît parfaitement les processus de la révision des RPH en cours puisqu’il est impliqué en tant que membre de la commission SIA 102 Prestations et honoraires des architectes. 

La collection de normes SIA est chapeautée par trois organes...
Oui, la Commission centrale des normes (ZN), la Commission centrale des règlements (ZO) et la Commission pour la gestion de l’information (ZI) jouent un rôle important. Je tiens à ce que leur mise en réseau avec d’autres organes centraux de la SIA soit institutionnalisée au travers d’échanges de haut niveau. Ceci nous permettra d’avoir une meilleure vue d’ensemble de toutes nos activités de normalisation, de mieux coordonner les différents projets, de profiter les uns des autres et de supprimer les redondances, pour au final maximiser notre impact.

Il a été décidé de transformer la section International en réseau International. Pourquoi?
Ce qui fait la force d’une section, c’est son ancrage local. Au sens géographique certes, mais aussi dans les rapports qu’elle entretient avec les parties prenantes, les autorités ou encore les législateurs locaux. Au niveau international, il s’agit davantage de la mise en réseau des membres SIA basés dans le monde entier. C’est pourquoi je salue ce changement organisationnel, très pertinent à mes yeux.

Quelles sont les perspectives les plus réjouissantes pour votre deuxième année de mandat?
L’une de nos principales missions est de proposer aux membres des solutions et des outils qui facilitent leur quotidien professionnel. C’est pourquoi j’ai hâte de voir des mesures concrètes être mises en œuvre, que ce soit dans le cadre du plan d’action, de l’achèvement de la révision des RPH, de la publication d’un instrument de calcul pour la détermination du temps investi ou encore du renforcement et de l’élargissement de l’offre de formation continue proposée par SIA inForm.

Pour écrire à l'autrice: barbara.angehrn [at] sia.ch (barbara[dot]angehrn[at]sia[dot]ch)

Des informations relatives au Plan d’action pour le climat, l’énergie et les ressources sont disponibles sur la plateforme web de la SIA

 

Le rapport annuel 2024 peut être consulté sur la plateforme web de la SIA :

 

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