Une sta­bi­lité tein­tée de doutes quant à l’ave­nir

Les données rassemblées dans le cadre de l’enquête conjoncturelle menée par le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’ETH Zurich révèlent que les bureaux de planification sont dans l’ensemble satisfaits de leur situation économique actuelle. Si la demande a perdu en vigueur au cours des trois derniers mois, les prestations fournies et les carnets de commande ont en revanche évolué quelque peu plus favorablement qu’auparavant. Il n’en reste pas moins qu’au troisième trimestre 2025, 27 % des bureaux citent une demande trop faible parmi les freins à leur activité, soit un point de plus qu’au dernier trimestre. En parallèle, les enveloppes des contrats nouvellement conclus révèlent une progression nettement plus faible qu’au trimestre précédent. La pénurie de main-d’œuvre reste d’actualité, puisqu’environ la moitié des bureaux continuent de s’en dire affectés.

Heureusement, les perspectives pour les prochains mois témoignent d’un léger regain d’optimisme. Actuellement, les bureaux sont plus nombreux à prévoir une amélioration de la marche de leurs affaires au cours des six prochains mois, soit 14 %. En revanche, 80 % n’attendent aucun changement, et 6 % craignent même une dégradation. L’évolution récente de la demande s’est révélée relativement timide, mais les bureaux de planification tablent néanmoins sur un renforcement au cours des trois prochains mois. Par ailleurs, les prévisions d’accroissement des effectifs sont légèrement plus élevées qu’au trimestre précédent. En revanche, la prudence reste de mise pour ce qui est de la situation bénéficiaire.

Les architectes plus pessimistes

Par rapport au mois d’avril, les bureaux d’architecture sont légèrement plus satisfaits de leur situation économique actuelle. En revanche, la demande et les carnets de commande ont quelque peu ralenti après avoir évolué favorablement. Ceci n’a pas découragé les bureaux, en témoignent ces chiffres : en juillet, 19 % ont ainsi annoncé avoir augmenté leurs ressources humaines, 69 % les ont maintenues tandis que presque 13 % ont fait part d’une diminution. La pénurie de main-d’œuvre persiste et affecte 43 % des bureaux d’architecture qui s’en disent freinés dans leur activité. 

Globalement, leurs perspectives s’assombrissent significativement, même s’ils n’ont pas révisé leurs attentes relatives à la marche de leurs affaires au cours des six prochains mois. En effet, ils se montrent plus pessimistes pour ce qui est de l’évolution de la demande au cours des trois prochains mois, et affichent, logiquement, des attentes en baisse relativement à la fourniture de prestations. Cette retenue transparaît également dans leurs prévisions relatives aux prix : seuls 7 % estiment qu’ils augmenteront, 87 % pensent qu’ils se maintiendront et 5 % craignent même une baisse.

Légère embellie chez les ingénieurs

Par rapport au mois d’avril, les bureaux d’ingénierie jugent leur situation économique légèrement moins bonne. Ils ont toutefois indiqué que l’évolution de la demande et des carnets de commande est restée stable, et que la fourniture de prestations a même progressé. C’est au niveau de leur situation bénéficiaire que le bât blesse : les bureaux d’ingénierie sont à nouveau plus nombreux à avoir enregistré une dégradation de leurs revenus qu’une amélioration au cours du trimestre précédent. 

Malgré une évolution assez peu dynamique ces derniers mois, les perspectives des ingénieurs s’éclaircissent nettement, en attestent leurs prévisions relatives à la demande, à la fourniture de prestations ou à leurs revenus. Les prix constituent toutefois un bémol, puisque les perspectives d’une hausse au cours des trois prochains mois s’amenuisent : actuellement, seuls 9 % des bureaux escomptent une augmentation, tandis que 86 % estiment qu’ils se maintiendront et que 5 % s’attendent à une baisse.

Douanes US: vers une baisse du produit intérieur brut ? 

Fin juillet, le KOF annonçait une nette amélioration des perspectives conjoncturelles suisses. Concrètement : le baromètre conjoncturel du KOF avait sensiblement augmenté en juillet, témoignant d’une embellie de l’économie suisse. La joie a cependant été de courte durée, puisque le 1^er août, le gouvernement américain annonçait des droits de douane de 39 % sur les importations suisses, avec entrée en vigueur au 7 août 2025. 

Les négociations immédiatement engagées sont restées infructueuses, et ces taxes s’appliqueront donc, avec de lourdes conséquences pour notre économie. Dans son communiqué paru le 1^er août (disponible en allemand uniquement, ndlt), le KOF prévoyait une réduction du produit intérieur brut (PIB) de 0,3 % à 0,6 % annuels, en fonction des réorientations commerciales et de l’horizon temporel. Particulièrement affectées, les branches axées sur l’export, comme l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, ainsi que les secteurs alimentaire et horloger auront du mal à maintenir leur compétitivité et leurs revenus. Ceci se répercuterait aussi sur l’emploi, avec à la clef des suppressions de postes, s’est ainsi alarmée la banque cantonale de Zurich le 4 août 2025. Pour la Handelszeitung, il appartient maintenant à la Suisse de faire face en se concentrant sur ses atouts, ainsi qu’en exploitant pleinement son potentiel économique et sa force d’innovation. Selon l’hebdomadaire économique, le temps est venu de lever les freins réglementaires et financiers qui pèsent sur les entreprises afin de préserver la croissance, et, in fine, de renforcer l’attractivité du pays dans un contexte de plus en plus difficile.

Cet article se fonde sur les données du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’ETH Zurich. Il est complété par l’éclairage économique de l’autrice, Susanne Schnell, spécialiste Communication et affaires publiques/Content Manager SIA (susanne.schnell [at] sia.ch (susanne[dot]schnell[at]sia[dot]ch)).