Qu’est-ce qu’on va faire avec ?

L'essentiel de l'interview que Jacques Lucan a donné à DOMUS sur la Biennale de Venise 2014

Date de publication
21-08-2014
Revision
19-08-2015

Jacques Lucan est parti en vacances à Venise et, le 13 août dernier, il a livré au site DOMUS sa vision de la Biennale d’architecture de Rem Koolhaas. Dans l’interview filmée, le professeur de théorie de l’architecture de l’EPFL ne manque pas de mots pour définir ce qu’il pense de la vision proposée par l’architecte hollandais: cynique, pessimiste, désespérante, Lucan n’hésite pas à parler d’une architecture en «crise».
La raison de tant de critiques? Pour la Biennale d’architecture de Venise 2014, Koolhas a rassemblé toutes les nations sous un seul et même thème fondateur, Absorbing Modernity: 1914-2014. C’est une Biennale unique en son genre, puisque non seulement elle possède un fil rouge, mais de plus elle se focalise sur l’aspect historique. Et c’est ce regard historique, cette sorte de bilan de la construction – et non de l’architecture – que propose Koolhas, qui dérange Lucan. Même si le commissaire affirme la volonté de reposer des bases sur lesquelles continuer, le maître de la théorie de l’architecture n’y voit qu’une impasse, une situation étrange au caractère désespérant: c’est une Biennale qui, en adoptant un point de vue rétrospectif, ne regarde pas vers l’avenir de l’architecture. On assisterait à la fin d’un cycle, qui n’ouvre aucune perspective. De même, Lucan critique l’absence flagrante d’architectes plus jeunes, qui auraient pu offrir un nouveau départ. Ce silence de la jeune génération est pour lui une preuve flagrante d’un désespoir ambiant.
En 1980, Koolhas participait déjà à la Biennale, et à l’époque, c’était l’un des seuls à proposer une vision optimiste; aujourd’hui, 35 plus tard, il en est tout autrement. Lucan voit dans le bilan proposé par la Biennale l’aveu d’un échec, une forme de lente décadence qui a perduré au fil des années, et dont on ne sait comment se défaire. Koolhas, «le pompier pyromane», nous laisse une Biennale pessimiste au caractère historique. Qu’est-ce qu’on va faire avec?

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