Peu de par­kings, mais beau­coup d’al­ter­na­tives

Le nom « Greencity » est pro­grammatique : le quartier situé à la sortie sud de Zurich est un projet pionnier de la société à 2000 watts. Les piliers de la stra­tégie de mobilité ont été définis dès le plan d’aménagement par les responsables du projet.

 

Date de publication
23-06-2021

L’ancienne zone industrielle de Manegg s’étend au sud de Zurich, entre la Sihl et l’autoroute A3. Là où jadis on fabriquait du papier, un quartier moderne avec des immeubles d’habitation et des bureaux est en train d’éclore après plusieurs années de travaux. Le développement et la réalisation du lotissement baptisé « Greencity » ont été confiés à Losinger Marazzi SA, promoteur immobilier et entrepreneur total. L’entreprise a élaboré un modèle d’urbanisme de même qu’un plan d’aménagement et a défini bien en amont, et en étroite concertation avec la ville de Zurich, les lignes directrices de l’aménagement du nouveau quartier. L’un des principaux partis pris du projet est le développement durable. Le site de Greencity est l’une des premières réalisations en Suisse à répondre sur toute la ligne aux objectifs de la société à 2000 watts. Les autorités ont édicté des règles contraignantes en la matière.

Plan d’aménagement et mobilité électrique

Outre les modalités de lotissement du site, le plan d’aménagement « GreenCity. Zurich » impose également un certain nombre de critères de mobilité. Tous les investisseurs institutionnels et d’utilité publique sont tenus de se conformer à des directives, comme de respecter un nombre limité de places de parc (en moyenne, le taux de places autorisé par logement n’est que de 0,7). Les investisseurs sont autorisés à aller plus loin et à mettre en œuvre des concepts de « quartier pauvre en voitures » ou à proposer des solutions de car-sharing. « La mobilité électrique n’est pas en reste », ajoute Philippe Mallez, chef de projet chez Losinger Marazzi. Par exemple, 100 places de parc privées ont été équipées d’une infrastructure de recharge. « Cela représente 10 % de toutes les places de parking du lotissement. » Les promoteurs n’ont pas encore évalué le nombre de places déjà utilisées. Toutefois, le concept de mobilité des usagers sur le périmètre du lotissement inclut les zones extérieures sans circulation automobile ou dans lesquelles une limitation de vitesse s’applique. Ces zones doivent offrir une restriction de la circulation et une qualité de séjour plus élevée dans le quartier.

Transports publics, sharing et vélos

Un Site 2000 watts se doit d’offrir des ­alternatives respectueuses de l’environnement afin de limiter au maximum le transport individuel motorisé. Pour Greencity, la qualité de la desserte par les transports publics est cruciale : le lotissement dispose de ses propres arrêts de RER et de bus. Le système de parkings partagés suggéré dans le plan d’aménagement a également été mis en place ; des véhicules Mobility sont mis à disposition des utilisateurs sur deux emplacements. La circulation des vélos est également encouragée : environ 3500 places de parking deux-roues sont prévues.

Les attraits de l’environnement immédiat ainsi que l’offre de vélos disponibles sur place contribuent également à réduire le trafic (motorisé). Les résidents et les salariés jouissent d’une aire de loisirs située juste à côté, sur les rives de la Sihl. On peut même faire ses courses dans le quartier : l’offre de commerces inclut déjà une boulangerie, un café et bientôt un supermarché. Les restaurants du coin sont prêts à ouvrir leurs portes. L’offre de surfaces commerciales et d’ateliers ou de locaux d’artistes ou d’artisans en ­rez-de-chaussée constitue un attrait supplémentaire. Bien que le centre-ville soit rapidement accessible, il est tout à fait possible de s’en passer.

Faible ratio de places de parc

Pour Philippe Mallez, un baromètre précis de la mobilité des usagers dans le quartier n’est pas encore possible, car la troisième phase de développement n’est pas achevée. De son point de vue, il était toutefois judicieux, pour les investisseurs et les résidents, d’intégrer les directives de mobilité en vigueur dans le droit formel de l’aménagement du ­territoire. La moyenne de 0,7 emplacement par logement issue du plan d’aménagement n’est même pas atteinte dans certains cas. « Certaines coopératives se contentent d’un taux de 0,5. Greencity se rapproche donc des directives applicables aux quartiers pauvres en voitures, qui prévoit un taux de places de parking par logement entre 0,21 et 0,5. »

Parking partagé

Quelle perception les résidents ont-ils du concept de mobilité ? Les rares places de parc prévues leur posent-elles un problème ? Non, lance Manu Heim, qui participe à la commission de quartier de la ­Gemeinnüt­­zige Bau- und Mietergenossenschaft Zürich (GBMZ), la coopérative de construction et de locataire d’utilité publique de Zurich qui partage un des immeubles de Greencity avec un autre promoteur d’utilité publique. On voit parfois des gens au volant qui ont du mal à trouver une place. Mais il s’agit souvent de locataires qui ont finalement acheté une voiture et qui n’ont pas encore de place. Dans ce cas, la solution de partage entre particuliers via l’application « beUnity »  s’avère très utile. Heim assure que les voitures ­Mobility sont aussi très utilisées.

Une desserte précieuse par TP

Les frais de stationnement élevés soulèvent parfois des critiques auprès des visiteurs. Mais Manu Heim n’abonde pas dans leur sens : « Nous sommes bien desservis par les TP et ne sommes qu’à dix minutes de la gare centrale de Zurich. C’est dommage pour ceux qui préfèrent prendre la voiture. » Les résidents du quartier, en revanche, apprécient l’offre en TP : il n’y a qu’à voir la fréquentation de la gare. En matière de mobilité électrique, Manu Heim, qui conduit elle-même une voiture électrique, constate une hausse. Il existe bien des places de parc équipées d’une station de recharge, mais le nombre de véhicules électriques qui stationnent ici augmente à vue d’œil. « Depuis peu, même notre concierge se déplace dans une voiture de service électrique », glisse Heim avec un sourire. La mobilité durable a vraiment beaucoup progressé à Greencity.

Greencity, Zurich

 

Type : logements, bureaux, activités artisanales

 

Propriétaires : investisseurs institutionnels, coopératives, copropriétaires d’étages

 

Promoteur et entrepreneur total : Losinger Marazzi

 

Urbanisme : Diener & Diener Architekten, Vogt Landschaftsarchitekten

 

Architecture : cinq chantiers de construction avec leurs propres investisseurs et bureaux d’architectes

 

Transports et mobilité : Losinger Marazzi, avec prestataires de services spécialisés

 

Coûts : env. 760 Mio CHF

 

Logements : 731

 

Postes de travail : env. 3000

 

Places de stationnement : env. 810 / 100 équipées d’une station de recharge

 

Autres offres de mobilité des usagers : gare RER et bus, 2 stations car-sharing

 

Approvisionnement en chaleur : eau souterraine et sondes géothermiques

 

Approvisionnement électrique : photovoltaïques ; sources neutres en CO2

Avec le soutien de SuisseEnergie et Wüest Partner, espazium - Les éditions pour la culture du bâti a publié les numéros spéciaux suivants:

 

No. 1/2018 «Immobilier et énergie: Stratégie pour l'immobilier - orientation pour les investisseurs institutionnels

 

N° 2/2019 «Immobilier et énergie: stratégies de mise en réseau»

 

N° 3/2020 «Immobilier et énergie: stratégies de la transformation»

 

N° 4/2021 «Immobilier et énergie: sur des routes communes avec l'électromobilité»

Les articles de cette édition spéciale sont disponibles dans le e-dossier «Immobilier et énergie»

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